Hollande, ton Union Sacrée Obligatoire nous fout les boules…



DANSER SUR UN VOLCAN EXPOSE AUX ÉRUPTIONS…



Danser sur un volcan en cours d’éruption n’a jamais été le moyen le plus sûr d’être en sécurité. Cette évidence semble échapper à la majorité d’entre nous, trop occupés à jouer les autruches et à pratiquer le divertissement pascalien sous toutes ses formes pour admettre enfin que la réalité est en train de faire justice de nos fantasmes mégalomaniaques.
Face à l’énormité des problèmes engendrés par ce que nous appelons contre toute logique le progrès, les appels à l’Union sacrée, qu’ils concernent la lutte contre le terrorisme ou contre le réchauffement climatique, pour ne citer que ces deux désastres dont on m’excusera de penser que le second est infiniment plus grave que le premier, sont à mes yeux à la fois dérisoires et obscènes.
L’Union sacrée ne se décide pas, sauf à être mort-née. Elle s’impose d’elle-même ou n’est, et c’est presque toujours le cas, qu’une cynique manipulation, un déni de réalité gros de désunions à venir.
L’Union sacrée autour d’un canon, même alcoolisé, voilà une résistance qui ressemble furieusement à une démission, celle des aveugles volontaires que nous sommes, tout occupés à faire assez de vacarme pour ne pas entendre l’éruption qui monte.
L’ennui est qu’à force de penser et surtout d’agir comme si « Après nous le déluge… » était un sésame ouvrant les portes dorées d’un avenir forcément radieux, nous constatons aujourd’hui qu’il faut désormais dire :« À nous le déluge ! »
La tempête se lève, nous n’avons plus de cap, ouvrons les yeux et tâchons de sauver ce qui peut encore l’être : notre humanité.
Les remarquables textes qui suivent, différents mais complémentaires, me semblent pouvoir nous y aider mieux que les décisions aussi stupides que dangereuses d’une classe politique manipulatrice, corrompue et irresponsable.
Le premier article revient sur la notion de guerre et sur ce qu’elle signifie dans le contexte actuel.
Le second pointe les dangers de l’Union sacrée et l’erreur morale et politique que constitue le fait d’entrer dans la logique de l’adversaire.
Le troisième oppose à la commode simplicité des fantasmes collectifs entretenus par les médias et les pouvoirs en place la complexe réalité de nos expériences personnelles et collectives.
Le quatrième dénonce la manipulation que constitue l’interdiction des manifestations autour de la Cop 21, rappelle que le dérèglement climatique est une violence et pose cette question centrale : qui sont les personnes dont la sécurité est considérée comme importante dans notre monde asymétrique ?
Le cinquième examine de près les contradictions de la « guerre » contre le terrorisme et l’assez étrange rapport des sociétés occidentales à la violence.
Le sixième met en lumière le lien organique entre sécurité et changement climatique, volontairement occulté, mais de plus en plus manifeste.
Le septième rappelle combien nos sociétés sont de bien des manières fondées sur toutes les formes de violence et sur leur diffusion et leur consommation.
Un dernier texte nous suggère que c’est d’abord en nous que nous pouvons trouver la joie et la paix…


APRÈS LES ATTENTATS, CHANGER D’IMAGINAIRE Christian Salmon



L’UNION SACRÉE EST UNE DÉFAITE DE LA PENSÉE

17 novembre 2015 | Par Noël Mamère – Mediapart.fr

Il est normal et juste que l’Etat montre sa détermination face à l’ère de ténèbres, que le Président préside, que le gouvernement gouverne, que les institutions fonctionnent. Il est normal et juste que le Congrès puisse se réunir, que le Président se concerte avec les forces politiques, vienne auprès des victimes, organise la riposte à l’horreur. Mais pour que la société puisse se défendre, elle doit comprendre, mettre des mots sur les événements. Et ces mots ne peuvent se réduire à ceux de la feuille de route du président de la République, fut-elle rebaptisée « Union Sacrée ».
 L’Histoire nous prouve que l’Union Sacrée a toujours été utilisée pour amener la gauche à se soumettre à la logique de guerre de la droite. Le premier à mettre en œuvre ce « concept » politique, fut le président Poincaré, le 4 Août 1914, au lendemain de l’assassinat de Jean Jaurès qui s’opposait à la guerre, pour en appeler à l’union de tous les partis et lancer la France dans la guerre contre l’Allemagne. On sait ce qu’il advint : une génération fauchée par les marchands de canon. En Mars 1956, L’Union Sacrée vote les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet, pour lutter contre le FLN algérien. C’est la guerre d’Algérie. L’Union Sacrée n’est qu’un stratagème qui a pour but de dissimuler les désaccords de fond au sein d’une société et de faire passer le projet d’une République sécuritaire.
Personne, ici, ne nie la nécessité de répondre au défi lancé par l’Etat Islamique. Ces morts, nos morts, qui venaient faire la fête, écouter de la musique, regarder un match, se sont retrouvés victimes d’une guerre qu’ils croyaient lointaine. Mais la guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens. Et la guerre, nous la faisons depuis quinze ans. D’abord en Afghanistan, puis sur d’autres théâtres d’opérations, comme la Libye, le Mali, l’Irak et la Syrie. Ceux à qui nous faisons la guerre ripostent à leur façon, asymétrique, face à nos bombardements, à nos drones, à nos assassinats ciblés. Ils l’ont d’ailleurs dit eux-mêmes, avec leurs mots et avec leurs balles, au Bataclan, vendredi soir. C’est la loi de toute guerre.
Si nous sommes en guerre, comme le dit le Président de la République, alors soit, mais identifions l’ennemi. Cet ennemi, c’est l’islamo-fascisme, c’est-à- dire un fascisme religieux, qui se réclame de l’Islam mais qui n’a rien à voir avec la tradition musulmane et même, oserais-je dire, avec l’islamisme politique. Il est le produit de la fusion entre le fanatisme religieux et une barbarie occidentale, le national-socialisme, dont s’est largement inspiré, dès son origine, le parti Baas, puis Al Qaïda en Irak. Ce dernier a été influencé par un prédicateur, Sayyid Qotb, mort en 1960, qui avait rompu avec les Frères musulmans sur un point capital : Il ne voulait plus faire de compromis avec toute souveraineté, même celle d’un Etat musulman. Pour lui, tout individu devait obéir et appartenir à Dieu, comme dans le nazisme, tout aryen devait appartenir au Führer. Cette théorie a plusieurs conséquences : la destruction de tout corps intermédiaire, de tout espace public et privé, de tout parti, syndicat ou association qui n’est pas soumise à la seule loi non écrite de la Charia. C’est un courant idéologique et politique transnational, qui agit avec méthode, qui se pense comme Califat à vocation mondiale. Daech, l’Etat Islamique, ce monstre à la confluence du Moyen-Age, du totalitarisme du 20ème siècle et des réseaux sociaux du XXIème, en est l’incarnation. Nous avons affaire à une organisation politico-militaire à vocation terroriste planétaire, dotée d’un projet politique, qui se pense comme telle. Elle possède une armature idéologique structurée, dispose de sa propre agence de communication, construit un Etat, lève des impôts, mobilise des dizaines de milliers de soldats, entretient depuis près de 18 mois des milliers de fonctionnaires dans un territoire comprenant la moitié de la Syrie et de l’Irak…
Dès lors, c’est un contre-sens de s’acharner à vouloir essentialiser ses membres comme « musulmans » ou « fous » ou « jeunes des quartiers ayant des problèmes », même s’ils peuvent présenter ces caractéristiques et bien d’autres. Mais quand ils agissent, c’est avant tout comme des militants fascistes religieux. Et ils doivent être combattus et défaits comme tels.
Tandis que nous tentons d’affaiblir l’Etat Islamique (et non Daech, acronyme qui ne lui donne pas son véritable nom en arabe), par des moyens militaires, il s’en prend à nos seules vraies défenses que sont nos libertés et essaie de nous déstabiliser. Rappelons-nous que, il n’y a pas si longtemps, la guerre du Vietnam n’a pas été perdue militairement par l’armée américaine mais parce que cette guerre avait perdu sa légitimité auprès du peuple américain.
Ce que l’EI tente d’affaiblir, c’est notre cosmopolitisme. En janvier, avec Charlie, leur cible était la liberté d’expression, la liberté de penser des dessinateurs, des journalistes et, en même temps, une tradition française, née de la lutte contre le despotisme en 1789. Les juifs aussi, incarnation, avec l’esprit diasporique, de ce « Tout Monde » dont parle le poète Edouard Glissant. Le cosmopolitisme toujours. Le cosmopolitisme insurgé des villes rebelles comme Paris, ce Paris de la Commune, des MOI, de la résistance à l’oppression, des barricades de 1830 à 1968, ce Paris métissé, qui est notre véritable ligne de défense contre le fascisme religieux.
L’EI peut être vaincu, mais à condition de ne rien lâcher sur nos valeurs, nos principes, nos convictions. Ce n’est pas en stigmatisant un peu plus les musulmans, en prenant des mesures inefficaces et discriminatoires que l’on combat le fascisme. Au contraire, on va dans le sens de l’EI, qui cherche à faire des musulmans un bouclier humain.
L’EI peut être vaincu, mais pas avec les méthodes que les Etats-Unis et la Russie utilisent depuis deux décennies, de l’Irak à la Tchétchénie.
La politique d’intervention militaro-humanitaire, ça n’a pas marché. Les interventions au sol ou dans les airs, ça n’a pas marché. Les assassinats ciblés, ça n’a pas marché. Avec leur commande des massacres à distance, les drones sont d’ailleurs la politique inversée de Daech. Ceux qui tuent à des milliers de kilomètres et commettent une bavure contre un mariage ou une fête rituelle, ou un hôpital de MSF en Afghanistan, ressemblent aux commanditaires des attentats de Paris. Ils tuent avec leur bonne conscience… Et produisent en retour des monstres. La seule chose qui a fonctionné jusqu’à présent, c’est la résistance kurde en Syrie et en Irak. Parce qu’elle est l’œuvre du peuple, qui résiste seul sur place. Parce que, depuis Kobane, les brigades de l’Armée Syrienne Libre se joignent à elle. Parce qu’elles ne dépendent pas du seul jeux des puissances mondiales ou régionales, arc boutées sur la défense de leurs seuls intérêts d’Etat.
Nous avons aujourd’hui le devoir de défendre la société, une société de libertés, contre tous ceux qui chercheront à les remettre en cause, à les rogner, une société d’égalité pour tous contre tous ceux qui discrimineront en fonction de la couleur de peau, de la religion, du sexe… Une société de fraternité et de solidarité.
Nous sommes en guerre, certes, mais ce n’est pas une raison pour sombrer dans le renoncement à ce qui est le sens même de nos valeurs. Le « pacte sécuritaire » qui nous est proposé, n’est qu’une habile triangulation pour faire avaler à la gauche la camelote de la droite : état d’urgence prorogé de trois mois sans explication, et éventuelles modifications profondes décidées dans l’urgence de l’émotion, interdiction des manifestations, approbation du principe de déchéance de la nationalité, expulsions massives, régression de l’Etat de droit par la constitutionnalisation d’un Patriot Act à la française… Ce n’est rien d’autre qu’une logique de guerre intérieure permanente qui nous est imposée à la faveur du massacre du vendredi noir. Elle n’en sera pas plus efficace pour autant. Notre besoin n’est pas de banaliser le tout sécuritaire, mais de renforcer les moyens de renseignement et de contre-terrorisme, de justice et de police sur le terrain, de faire moins d’esbroufe pour faire croire que l’on protège la population et plus d’infiltrations et d’asséchement des réseaux, plus de politique internationale et moins de vente d’armes à des régimes qui encouragent, de fait, l’insurrection djihadiste.
Une dernière remarque, cet événement nous aura appris au moins une chose : nous savons maintenant ce qui pousse des femmes, des hommes, des enfants, à risquer leur vie en traversant la méditerranée et à errer de murs en murs à travers l’Europe. Ils ont les mêmes visages que ceux qui ont été assassinés lâchement au Bataclan ou rue de Charonne, vendredi soir, mais ils en ont connu des dizaines chez eux. Ce n’est pas la France qui est touchée, c’est l’humanité que l’on assassine à Paris, à Alep ou ailleurs. C’est nous. La seule Union Sacrée qui vaille, c’est celle de l’humanité blessée, qui doit oser se révolter contre la barbarie.L’union sacrée est une défaite de la pensée
17 novembre 2015 | Par Noël Mamère - Mediapart.fr


LETTRE À MA GÉNÉRATION : MOI JE N’IRAI PAS QU’EN TERRASSE

20 novembre 2015| par Sarah Roubato

Salut 

On se connaît pas mais je voulais quand même t’écrire. Il paraît qu’on devrait se comprendre, puisqu’on est de la même génération. Je suis française, je n’ai pas trente ans. Paris, c’est ma ville. J’ai grandi dans une école internationale où on était plus de quatre-vingt nationalités. J’ai beaucoup voyagé et je parle plusieurs langues. J’ai « des origines » comme on dit maghrébines. Je suis auteur compositeur interprète, artiste, et même un peu anthropologue.
J’ai toujours adoré les terrasses. La dernière fois que j’étais à Paris j’y ai passé des heures, dans les cafés des 10e 11e et 18earrondissements. J’y ai écrit un livre qui s’appelle Chroniques de terrasse. Il est maintenant quelque part dans la pile de manuscrits de plusieurs maisons d’édition. Ça fait drôle d’y penser maintenant. J’aurais envie de rajouter quelques pages. Pourtant aujourd’hui, ce n’est pas en terrasse que j’ai envie d’aller.
Depuis plusieurs jours, on m’explique que c’est la liberté, la mixité et la légèreté de cette jeunesse qui a été attaquée, et que pour résister, il faut tous aller se boire des bières en terrasse. C’est joli comme symbole, c’est même plutôt cool comme mode de résistance. Je ne suis pas sûre que si les attentats prévus à la Défense avaient eu lieu, on aurait lancé des groupes facebook « TOUS EN COSTAR AU PIED DES GRATTE-CIELS ! » ni qu’on aurait crié notre fierté d’être un peuple d’employés et de patrons fiers de participer au capitalisme mondial, pas toi ? 
On nous raconte qu’on a été attaqués parce qu’on est le grand modèle de la liberté et de la tolérance. De quoi se gargariser et mettre un pansement avec des coeurs sur la blessure de notre crise identitaire. Sauf qu’il existe beaucoup d’autres pays et de villes où la jeunesse est mixte, libre et festive. Vas donc voir les terrasses des cafés de Berlin, d’Amsterdam, de Barcelone, de Toronto, de Shanghai, d’Istanbul, de New York ! 
On a été attaqués parce que la France est une ancienne puissance coloniale du Moyen-Orient, parce que la France a bombardé certains pays en plongeant une main généreuse dans leurs ressources, parce que la France est accessible géographiquement, parce que la France est proche de la Belgique et qu’il est facile aux djihadistes belges et français de communiquer grâce à la langue, parce que la France est un terreau fertile pour recruter des djihadistes.
Oui je sais, la réalité est moins sexy que notre fantasme. Mais quand on y pense, c’est tant mieux, car si on a été attaqué pour ce qu’on est, alors on ne peut pas changer grand chose. Mais si on a été attaqué pour ce qu’on fait, alors on a des leviers d’action : 
- S’engager dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables, car quand le pétrole ne sera plus le baromètre de toute la géopolitique, le Moyen-Orient ne sera plus au centre de nos attentions. Et d’un coup le sort des Tibétains et des Congolais nous importera autant que celui des Palestiniens et des Syriens. 
- S’engager pour trouver de nouveaux modèles politiques afin de ne plus déléguer les actions de nos pays à des hommes et des femmes formés en école d’administration qui décident que larguer des bombes, parfois c’est bien, ou qu’on peut commercer avec un pays qui n’est finalement qu’un Daesh qui a réussi.
-  Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ?
Si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d’aller écouter es concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L’attention que le monde nous porte en ce moment mériterait que l’on sorte de la jouissance de nos petits plaisirs personnels.

Ma mixité
Qu’on soit maghrébin, français, malien, chinois, kurde, musulman, juif, athée, bi homo ou hétéro, nous sommes tous les mêmes dès lors qu’on devient de bons petits soldats du néo-libéralisme et de la surconsommation. On aime le Nutella qui détruit des milliers d’hectares de forêt et décime les populations amazoniennes, on achète le dernier iphone et on grandit un peu plus les déchets avec les carcasses de nos anciens téléphones, on préfère les fringues pas chères teintes par des enfants du Bengladesh et de Chine, on dépense des centaines d’euros en maquillage testé sur les animaux et détruisant ce qu’il reste de ressources naturelles. 
Ma mixité, ce sera d’aller à la rencontre de gens vraiment différents de moi. Des gens qui vivent à huit dans un deux pièces, peu importe leur origine et leur religion. Des enfants dans les hôpitaux, des détenus dans les prisons. Des vieilles femmes qui vivent seules. De ce gamin de douze ans à l’écart d’un groupe d’amis, toujours rejeté parce qu’il joue mal au foot, qui se renferme déjà sur lui-même. Des ados dans les banlieues qui ne sont jamais allés voir une pièce de théâtre. Ceux qui vivent dans des petits villages reculés où il n’y a plus aucun travail. Les petits caïds de carton qui s’insultent et en viennent aux mains parce que l’un n’a pas payé son cornet de frites au McDo. D’habitude quand ça arrive, qu’est-ce que tu fais ? Tu tournes la tête, tu ris, tu te rassures avec un petit "Et ben ça chauffe !" et tu retournes à ta conversation. Si tous ceux qui ont répondu à l’appel Tous en terrasse ! décidaient de consacrer quelques heures par semaine à ce type d’échange... il me semble que ça irait déjà mieux. Ça apportera à l’humanité sans doute un peu plus que la bière que tu bois en terrasse.

Ma liberté
Je ne vois pas en quoi faire partie du troupeau qui se rend chaque semaine aux messes festives du weekend est une marque de liberté. Ma liberté sera de prendre un autre chemin que celui qui passe par l’hyperconsommation. D’avoir un autre horizon que celui de la maison, de la voiture, des grands écrans, des vacances au soleil et du shopping.
Ma liberté sera celle de prendre le temps quand j’en ai envie, de ne pas m’affaler devant la télé en rentrant du boulot, d’avoir un travail qui ne me permet pas de savoir à quoi ressemblera ma journée.
Ma liberté, c’est de savoir que lorsque je voyage dans un pays étranger je ne suis pas en train de le défigurer un peu plus. C’est vivre quelque part où le ciel a encore ses étoiles la nuit. C’est flâner dans ma ville au hasard des rues. C’est avoir pu approcher une autre espèce que la mienne dans son environnement naturel. 
Ma liberté, ce sera de savoir jouir et d’être plein, tout le contraire des plaisirs de la consommation qui créent un manque et le besoin de toujours plus. Ma liberté, ce sera d’avoir essayé de m’occuper de la beauté du monde. "Pour que l’on puisse écrire à la fin de la fête que quelque chose a changé pendant que nous passions" (Claude Lemesle).

Ma fête
Ma fête ne se trouve pas dans l’industrie du spectacle. Ma fête c’est quand j’encourage les petites salles de concert, les bars où le musicien joue pour rien, les petits théâtres de campagne construits dans une grange, les associations culturelles. Passer une journée avec un vieux qui vit tout seul, c’est une fête. Offrir un samedi de babysitting gratuit à une mère qui galère toute seule avec ses enfants, c’est une fête. Organiser des rencontres entre familles des quartiers défavorisés et familles plus aisées, et écouter l’histoire de chacun, c’est une fête. 
La fête c’est ce qui sort du quotidien. Et si mon quotidien est de la consommation bruyante et lumineuse, chaque fois que je cultiverai une parole sans écran et une activité dont le but n’est pas de consommer, je serai dans la fête. Préparer un bon gueuleton, jouer de la gratte, aller marcher en forêt, lire des nouvelles et des contes à des jeunes qui sentent qu’ils ne font pas partie de notre société, quelle belle teuf !
N’allez pas me dire que je fais le jeu des djihadistes qui disent que nous sommes des décadents capitalistes… s’il vous plaît ! Ils n’ont pas le monopole de la critique de l’hyper-consommation, et de toute façon, ils boivent aux mêmes sources que les pays les plus capitalistes : le pétrole et le trafic d’armes. 
Voilà. Je ne sais pas si on se croisera sur les mêmes terrasses ni dans les mêmes fêtes. Mais je voulais juste te dire que tu as le droit de te construire autrement que l’image que les médias te renvoient. Bien sûr qu’il faut continuer à aller en terrasse, mais qu’on ne prenne pas ce geste pour autre chose qu’une résistance symbolique qui n’aura que l’effet de nous rassurer, et sûrement pas d’impressionner les djihadistes (apparemment ils n’ont pas été très impressionnés par la marche du 11 janvier), et encore moins d’arrêter ceux qui sont en train de naître. 
Ce qu’on est en train de vivre mérite que chacun se pose un instant à la terrasse de lui-même, et lève la tête pour regarder la société où il vit. Et qu isait... peut-être qu’un peu plus loin, dans un lambeau de ciel blanc accroché aux immeubles, il apercevra la société qu’il espère.
Sarah


COP21 : L’INTERDICTION DES MANIFESTATIONS EST UN ABUS DE POUVOIR


Naomi Klein, journaliste canadienne, auteure, cinéaste et militante altermondialiste considère l’interdiction de manifester pendant la conférence Climat comme un révélateur des injustices politiques actuelles. « Encore une fois, un pays occidental riche place la sécurité des élites devant les intérêts de ceux qui se battent pour leur survie. Encore une fois, le message est : notre sécurité n’est pas négociable, la vôtre ne compte pas. »

Qui protège-t-on, quand on cherche à assurer la sécurité par tous les moyens nécessaires ? Et qui est sacrifié, alors que l’on pourrait faire beaucoup mieux ? Ces questions sont au coeur de la crise climatique. Les réponses sont la raison pour laquelle les sommets du Climat finissent si souvent dans l’acrimonie.

La décision du gouvernement français d’interdire les manifestations, marches et autres « activités en extérieur » pendant le sommet du Climat est perturbante à plusieurs niveaux. Ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’elle reflète l’injustice fondamentale de la crise climatique elle-même, et cette question centrale : qui sont les personnes dont la sécurité est considérée importante dans notre monde asymétrique ?

La première chose à comprendre, c’est que les personnes exposées aux pires effets du dérèglement climatique ne peuvent quasiment pas se faire entendre dans le débat public occidental, quand on se demande s’il faut agir sérieusement pour empêcher un réchauffement catastrophique. Les gigantesques sommets du climat comme celui que Paris s’apprête à accueillir sont de rares exceptions. Pendant deux petites semaines, les voix de ceux qui sont touchés, en premier et le plus fort, ont un peu de place pour se faire entendre là où des décisions majeures sont prises. C’est pour cette raison que des habitants des îles du Pacifique, des chasseurs Inuits et des personnes de couleur pauvres vivant à la Nouvelle Orléans parcourent des milliers de kilomètres pour y participer. Participer à ce sommet est une précieuse occasion pour parler du dérèglement climatique du point de vue de la morale, et de mettre des visages humains sur la catastrophe en train de se produire.

Le deuxième point important c’est que même lors de ces rares moments, les voix de ceux qui se trouvent en « première ligne » n’ont pas assez de place dans les réunions officielles, où dominent les gouvernements et les ONG les plus riches. Les voix des gens ordinaires s’expriment surtout dans les rassemblements de base qui se tiennent parallèlement au sommet, ainsi que dans les manifestations et les moments de protestation qui attirent de cette manière l’attention médiatique. Or le gouvernement français a décidé de confisquer le plus puissant de ces porte-voix, en affirmant qu’assurer la sécurité des manifestations mettrait en péril sa capacité à garantir la sécurité de la zone du sommet officiel où les dirigeants politiques vont se rencontrer.

Certains disent que cela se justifie dans la situation de riposte contre la terreur. Mais un sommet du climat des Nations-Unies n’est pas comme une réunion du G8 ou de l’Organisation Mondiale du Commerce, où les puissants se rencontrent et ceux qui n’ont pas de pouvoir tentent de gâcher leur fête. Les évènements concomitants de la « société civile » ne sont pas un ajout ou une distraction de l’évènement principal. Elles font intégralement partie du processus. C’est pourquoi le gouvernement français n’aurait jamais dû être autorisé à décider quelle partie du sommet il annule, et quelle partie il continue d’accueillir.

Après les épouvantables attaques du 13 novembre, il aurait plutôt dû décider s’il avait la volonté et la capacité d’accueillir tout le sommet, avec la pleine participation de la société civile, y compris dans les rues. S’il ne le pouvait pas, il aurait dû y renoncer et demander à un autre pays de le remplacer. Pourtant, le gouvernement de François Hollande a pris une série de décisions qui reflètent une échelle de valeurs et de priorités très particulières quant à qui et quoi obtient la pleine protection de sa sécurité par l’Etat. Oui aux dirigeants du monde, aux matchs de foot et aux marchés de Noël. Non aux manifestations pour le climat et aux rassemblements qui reprochent aux négociations, compte-tenu du niveau des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, de mettre en danger la vie et les conditions de vie de millions, si ce n’est de milliards de personnes.

Et qui sait où cela finira ? Doit-on s’attendre à ce que l’ONU révoque arbitrairement les accréditions de la moitié des participants de la société civile ? Ceux qui semblent le plus susceptible de causer de l’agitation à l’intérieur du sommet bunkerisé ? Je n’en serais pas du tout étonnée.

Il est important de réfléchir à ce que l’annulation des manifestations et protestations signifie en réalité et au plan symbolique. Le dérèglement climatique est une crise morale car à chaque fois que les gouvernements des pays riches échouent à agir comme il le faudrait, ils envoient le message que nous, au Nord, plaçons notre confort immédiat et notre sécurité économique devant la souffrance et la survie de certains des habitants les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète.

La décision d’interdire les espaces les plus importants où les voix des personnes affectées par le climat auraient pu s’exprimer, est l’expression dramatique de cet abus de pouvoir profondément non éthique. Encore une fois, un pays occidental riche place la sécurité des élites devant les intérêts de ceux qui se battent pour leur survie. Encore une fois, le message est : notre sécurité n’est pas négociable, la vôtre ne compte pas.

Un dernier point : j’écris ces lignes depuis Stockholm, où je participe à une série d’événements publics sur le climat. Quand je suis arrivée, la presse s’excitait autour d’un tweet envoyé par la ministre de l’environnement, Asa Romson. Peu après la nouvelle des attentats de Paris, elle a tweeté sa colère et sa tristesse face à ces morts. Puis, qu’elle pensait que c’était une mauvaise nouvelle pour le sommet du climat, une pensée qui a traversé l’esprit de tous ceux que je connais, et qui ont un rapport avec le sommet du climat. Pourtant, elle a été jetée au pilori à cause de son insensibilité supposée : comment pouvait-elle penser au dérèglement climatique alors que venait de se produire un tel carnage ?

Cette réaction est révélatrice de l’idée que le changement climatique est une question mineure, une cause sans véritables victimes, un événement futile. En particulier quand les problèmes sérieux de la guerre et du terrorisme sont au centre de l’attention. Cela m’a fait penser à ce que l’auteure Rebecca Solnit a écrit récemment : « le dérèglement climatique est une violence ».

C’est une violence. Une partie de cette violence est infiniement lente : la montée du niveau des mers qui efface peu à peu des nations, les sécheresses qui tuent des milliers de personnes. Cette violence est aussi terriblement rapide : les tempêtes qui portent les noms de Katrina et Haiyan emportent des milliers de vies en un seul instant ravageur. Quand les gouvernements et les grandes entreprises échouent en conscience à agir pour empêcher la catastrophe du réchauffement, c’est un acte de violence. C’est une violence si grande, si mondiale, et infligée à tant de périodes temporelles à la fois (cultures anciennes, vies présentes, futur potentiel) qu’il n’existe pas encore de mot capable de decrire toute cette monstruosité. Faire preuve de violence pour réduire au silence ceux qui sont le plus vulnérables à la violence climatique est une violence de plus.

Pour expliquer pourquoi les matchs de foot se tiendraient comme prévu, le ministre français des Sports a déclaré : « la vie doit continuer ». Oui, c’est vrai. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint le mouvement pour la justice climatique. Parce que quand les gouvernements et les grandes entreprises échouent à prendre en compte toutes les vies sur Terre, ils doivent être contestés.
Traduction de Jade Lindgaard


BOMBARDER BRUXELLES ?
OU QUELQUES CONTRADICTIONS DE LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME…


18 NOV. 2015 par Mathias.DELORI BLOG : LE BLOG DE MATHIAS.DELORI
Une idée domine le discours public depuis les attentats tragiques de vendredi dernier : la France est en guerre. Le président Hollande a déclaré cette guerre de manière solennelle devant le Congrès réuni à Versailles ce lundi. À la suite de son discours, l’ensemble des parlementaires ont entonné une marseillaise plus martiale que jamais. Il importe de remarquer, à ce propos, que ces discours et ces chants ne sont pas une posture symbolique.
Une idée domine le discours public depuis les attentats tragiques de vendredi dernier : la France est en guerre. Le président Hollande a déclaré cette guerre de manière solennelle devant le Congrès réuni à Versailles ce lundi. À la suite de son discours, l’ensemble des parlementaires ont entonné une marseillaise plus martiale que jamais. Il importe de remarquer, à ce propos, que ces discours et ces chants ne sont pas une posture symbolique. Les Rafales et les Mirages 2000 français bombardent depuis dimanche la ville de Raqqa, un des fiefs de l’État Islamique. Une alliance militaire de grande ampleur se prépare avec la Russie de V. Poutine. Cette guerre se justifie par le fait que les auteurs des attentats de vendredi ont une connexion avec l’État Islamique. Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé, a par exemple séjourné en Syrie. Il s’est d’ailleurs pavané dans une vidéo macabre avec d’autres combattants de l’État Islamique.

Pourtant, l’enquête sur les attentats dramatiques de vendredi dernier renvoie autant, sinon plus, à Bruxelles qu’à Raqqa. Abdelhamid Abaaoud n’est pas syrien mais belge et, qui plus est, bruxellois. Tout comme ses complices de ce triste vendredi 13 et leurs cousins de janvier dernier (A. Coulibaly et les frères Kouachi), il est un enfant de l’Europe. Fort de ce constat, Eric Zemmour a récemment proposé de bombarder le quartier bruxellois de Molenbeek, foyer présumé du terrorisme. Ne le prenons pas aux mots mais faisons une expérience de pensée en nous posant deux questions : Comment réagirions-nous si la France décidait, demain, de bombarder Bruxelles, Lyon ou Munich au prétexte que ces villes auraient servi de repère ou de lieu de vie à plusieurs terroristes ? Avons-nous réagi de la même manière quand nous avons appris, dimanche, le début des bombardements sur Raqqa ?

Le politiste Martin Shaw a exploré cette question dans sa théorie du « transfert de risque ». Shaw observe, pour commencer, que la guerre contre le terrorisme (islamique) est une guerre globale au sens où les puissances occidentales la mènent sur deux fronts : le front dit « intérieur » - le territoire des États-Unis, de l’Europe, etc. - et le front dit « extérieur » : l’Afghanistan, le Mali, l’Irak, la Syrie, des pays qui ont pour point commun d’être à la fois des pays à majorité musulmane et des pays anciennement colonisés. Bien qu’il s’agisse de la même « guerre », les puissances occidentales n’utilisent pas du tout les mêmes armes sur ces deux terrains. Dans le premier cas, elles utilisent des instruments politiques « normaux » : la police, la justice ou, dans les cas d’urgence, des commandos d’élite au sol. Dans le second, en revanche, les puissances occidentales larguent des bombes à partir de drones ou de chasseurs-bombardiers.

La raison de cette différence dans les modalités de la « neutralisation » des terroristes n’est pas technique. Il est possible d’envoyer des commandos d’élite en dehors des frontières. Les États-Occidentaux ne se privent d’ailleurs pas de le faire en certaines circonstances. Pensons, par exemple, à l’assassinat de Ben Laden le 2 mai 2011.

Ces modalités différentes de « traitement » des terroristes prend racine dans un phénomène plus fondamental : le rapport des sociétés occidentales à la violence. Même si les opérateurs de drones et les pilotes de chasseurs bombardier font tout leur possible pour épargner les vies civiles, les bombes qu’ils larguent font – mécaniquement ou cinétiquement – beaucoup plus de « dommages collatéraux » que les balles des policiers ou des tireurs de commandos d’élite. Or si les responsables politiques sont prêts à assumer la probabilité de voir une balle perdue tuer un civil occidental, ils ne sont pas disposés à voir des dizaines de leurs concitoyens mourir à quelques mètres de l’impact d’une bombe de 250 kg lâchée par un Rafale, un Mirage 2000 ou un F18.

Cet usage d’instruments sécuritaires si différents conduit M. Shaw à relever une première contradiction de la guerre contre le terrorisme. Alors que celle-ci est menée au nom de valeurs humanistes, modernes et libérales qui proclament l’égalité de toutes les vies humaines, certaines vies (civiles) ont visiblement moins de valeurs que d’autres. Reprenons l’expérience de pensée évoquée plus haut : que serait la victime collatérale d’une bombe française s’écrasant à Bruxelles ? Probablement une personne humaine qu’on pleurerait (légitimement) en apprenant son nom, son histoire, les multiples anecdotes racontées par ses proches. Qu’est-ce qu’une victime collatérale d’une bombe française s’écrasant à Raqqa : le paramètre invisible d’une équation ou, au mieux, une victime regrettée mais justifiée au nom de ce que Eyal Weizmann appelle le « principe du moindre mal ».

On remarquera, au passage, que cette différence dans la valeur accordée aux vies humaines se lit dans un dispositif capitaliste concret : les compensations financières versées par les gouvernements occidentaux aux victimes de cette guerre. En moyenne, les familles de victime des attentats du 11 septembre ont reçu la somme de 1,8 million de dollars. Les familles afghanes et irakiennes victimes des bombes américaines peuvent prétendre, sous des conditions en réalité drastiques, à 2 500 dollars.

Ces éléments illustrent un fait simple mais important pour notre propos : le cadrage humaniste est distordu par une préoccupation plus traditionnelle, à savoir le fait qu’on a plus de sympathie pour les proches que pour les autres lointains. Or il importe de bien mesurer la portée de ce phénomène en apparence trivial. En effet, ce raisonnement communautariste caché ne s’applique pas seulement aux civils mais, également, aux combattants occidentaux. C’est ici que l’expression « transfert de risque » prend tout son sens. Les sociétés et les forces occidentales ne veulent à aucun prix de victime occidentale, y compris parmi les combattants. Dès lors, elles préfèrent transférer aux populations (civiles) non-occidentales les risques de cette guerre. Ce raisonnement explique la centralité, dans la nouvelle guerre contre le terrorisme, des frappes aériennes et des drones. Même si ceux-ci font plus de morts civils non-occidentaux que les commandos d’élite des forces spéciales projetés au sol, ils présentent une vertu inestimable : ils garantissent la (sur)vie des combattants occidentaux.

Cette expérience de pensée – bombarder Bruxelles - présente un autre mérite : illustrer le fait que la « guerre contre le terrorisme » est… une guerre. Cette guerre présente en effet une particularité historique : elle n’est pas perçue comme telle par la plupart de ses supporters. Nous avions relevé ce point lors des attentats de janvier. Il existait un décalage entre le discours d’une partie des manifestants et le sens concret de leur geste. En effet, si l’aile droite des manifestations proclamait sa haine de l’Islam de manière (déjà) martiale, l’aile gauche inscrivait son action symbolique dans un autre champ lexical : le refus de la violence, la mixité inter-ethnique, la défense de la liberté d’expression, etc. La présence à la tête du cortège parisien du 11 janvier du Secrétaire général de l’OTAN, de B. Netanyahou et de 70 autres responsables politiques intéressés par la guerre contre le terrorisme suscita, certes, quelques interrogations. Toutefois, ces personnes qui proclamaient leur refus de la violence ne descendirent pas dans les rues pour protester quand M. Valls déclara la guerre au terrorisme (le 10 janvier), quand les députés français entonnèrent une Marseillaise (déjà) martiale et quand le président Hollande décida d’intensifier les frappes contre Daesh. Toutes les décisions de l’exécutif allaient dans le sens de la guerre. Or celui-ci gagna vingt points de popularité dans les sondages. Cette contradiction explique la surprise et la stupeur d’une partie de l’opinion depuis vendredi. N’ayant pas totalement conscience d’être en guerre, de nombreuses personnes s’étonnent de voir Daesh décider, à son tour, de rendre les coups.

Cette guerre contre le terrorisme (islamique) comporte une troisième contradiction : elle est menée dans une incohérence stratégique absolue. Plusieurs collègues ont relevé ce point en ce qui concerne la « grande stratégie », c’est-à-dire les alliances géopolitiques. La France et les États-Unis sont alliés avec l’Arabie Saoudite, laquelle est fortement soupçonnée d’avoir financé les attentats du 11 Septembre ainsi que le Front al-Nosra en Syrie. De plus, le précédent historique de la guerre américaine contre le terrorisme devrait nous inciter à la prudence. Contrairement à ce qu’affirment quelques « orientalistes » trop présents devant les médias, les États-Unis n’ont pas terrassé Al Qaïda en 2001-2002 et encore moins les Talibans (après avoir fait, au passage, plusieurs milliers de victimes civiles afghanes). Ils ont certes porté un coup à Al Qaïda mais suscité, dans le même geste, des milliers de vocations pour son cousin proche-oriental : Daesh. Cette logique de constitution du terrorisme par l’anti-terrorisme prit une forme encore plus massive lors de l’invasion de l’Irak en 2003. Daesh est directement le fruit de la déstructuration de l’État irakien engendrée par l’intervention américaine.

Cette cécité stratégique est également perceptible dans le volet actuel de cette guerre, à savoir les frappes contre Daesh et la constitution (à venir) d’une alliance avec Poutine. Les partisans de ce « tournant stratégique » ne se rendent-ils pas compte qu’ils réagissent, précisément, selon les modalités souhaitées par leur ennemi ? En effet, plusieurs éléments suggèrent que Daesh espère une intensification des frappes occidentales : le mode opératoire « terroriste » (qui fabrique des émotions belligènes de peur et de blessure identitaire), le fait que cette organisation politique puise sa légitimité dans une rhétorique anti-impérialiste dénonçant les « croisades » occidentales, les accents virilistes de son communiqué – qui fait parfaitement écho, d’ailleurs, à celui de la classe politique française -, etc. Or comme le remarquent Eric Fassin, Edwy Plenel et d’autres, le b.a.-ba de la stratégie stipule qu’il ne faut pas réagir conformément aux attentes de l’adversaire, mais au contraire le surprendre. D’où cette admonestation formulée récemment dans Le Monde par David Van Reybrouck : « Monsieur le président, vous êtes tombé dans le piège ! ».

La guerre contre le terrorisme présente une autre contradiction : alors qu’elle est menée au nom de la démocratie et du libéralisme politique, elle n’a qu’une conséquence pratique sur le plan intérieur : la restriction des libertés. Le discours du président Hollande devant le Congrès est de ce point de vue un cas d’école. Il propose, tout simplement, de constitutionnaliser l’état d’exception qui se met en place depuis janvier dernier.

On nous objectera que ce phénomène se produit lors de toutes les guerres. Admettons, mais c’est précisément là que le bât blesse. La France a systématiquement renié tous ses principes démocratiques à chaque fois qu’elle est entrée en guerre. Cette histoire a commencé avec l’Union sacrée de 1914, union sacrée qu’on nous somme de respecter encore aujourd’hui. À l’époque, un député allemand avait sauvé l’honneur pluraliste (donc démocratique) de l’Allemagne : le socialiste Karl Liebknecht. Celui-ci avait refusé de voter les crédits de guerre. Jaurès assassiné, tous ses camarades français se jetèrent dans la mêlée. Or qu’est-ce qu’une démocratie où le peuple agit comme un seul homme ? Un état totalitaire.

Cette histoire prit une forme bien plus tragique encore en 1939-1940. Le 18 novembre 1939, le gouvernement républicain d’E. Daladier décida d’interner (déjà !) tous les « individu(s), Français ou étranger, considéré(s) comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Cette catégorie englobait la plupart des Allemands se trouvant sur le territoire français. Ces milliers de personnes – pour la plupart Juifs et/ou opposants au nazisme – avaient rejoint la France car ils voyaient en elle la patrie des droits de l’Homme. Arriva ensuite la défaite de juin 1940, la dissolution – votée par les parlementaires ! – des institutions démocratiques et l’article 19 de la convention d’armistice qui décidait de livrer ces hommes et ces femmes à Hitler. On connait la suite…

On pourrait en dire autant, bien évidemment, à propos de la guerre d’Algérie. Il est vrai que la France n’a pas attendu la révolution algérienne pour renier ses principes démocratiques au Sud de la Méditerrannée. Dans les départements algériens, le droit français établissait deux catégories juridiques : les citoyens (chrétiens, juifs ou athées) et les sujets (musulmans) qui se voyaient privés de tous les droits politiques. Cette logique s’est cependant accentuée de manière inouïe pendant la guerre d’Algérie à proprement parler avec la censure, les arrestations sommaires, la torture, etc. La « métropole » ne fut d’ailleurs pas épargnée par ces dérives anti-démocratiques. Pensons, par exemple, aux complicités préfectorales dans le massacre des manifestants pacifistes algériens à Paris le 17 octobre 1961.

La comparaison avec la guerre d’Algérie permet d’ailleurs d’illustrer une dernière contradiction de la guerre contre le terrorisme. Bien qu’elle se drape dans les habits du libéralisme politique, cette guerre est menée en dehors de tout cadre légal. Les militaires n’y sont pour rien. J’ai fait de multiples entretiens avec des militaires français qui combattent le terrorisme. Je peux témoigner qu’ils ont, pour la plupart, une conception noble et parfaitement respectable de leur métier. Le problème réside dans le cadre politique de cette guerre. Pour commencer, la distinction entre « civil » et « combattant » - le fondement du droit de la guerre – n’a pratiquement plus cours. Dans bien des cas, est considérée comme « combattante » toute personne de sexe masculin et adulte située sur un site qualifié de « stratégique ». On comprend, dans ces conditions, pourquoi les décomptes relatifs au nombre de victimes civiles divergent de part et d’autre… Par ailleurs, ces combattants sont considérés comme « illégaux » (selon la terminologie états-unienne), ce qui signifie une chose très simple : les conventions de Genève ne les concernent pas.

Sous le mandat de G. W. Bush, le choix de refuser à ces hommes la dignité de combattant légal était pensé de manière instrumentale. Il s’agissait de rendre possible la torture dans le cadre de la quête de renseignement menée par la CIA. Depuis quelques années, ce choix a pris une forme plus identitaire liée à la prétention « humanitaire » de cette guerre. Dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, on ne combat pas un alter-ego menaçant : un « boche », un « Franzmann », un « soviétique », etc. On affronte au contraire des ennemis de l’humanité, qualifiés plus couramment de « barbares ». Or que fait-on des non-humains ? On les « éradique », pour reprendre un terme devenu populaire dans le discours public. Cette remarque nous ramène à la comparaison avec la guerre d’Algérie. Franz Fanon écrivait à ce propos que « sous l’occupation allemande les Français étaient demeurés des hommes. Sous l’occupation française [de l’Allemagne de 1945 à 1949], les Allemands sont demeurés des hommes. En Algérie, il n’y a pas seulement domination, mais à la lettre décision de n’occuper somme toute qu’un terrain ». Franz Fanon savait de quoi il parlait : il fut à la fois un grand révolutionnaire algérien et un grand résistant français.

Précisons, si besoin était, que ces remarques ne puisent pas leur inspiration dans une condamnation morale de la guerre ou dans une sorte de pacifisme intégral. L’histoire nous a appris à nous méfier de ce type de raisonnement. Les grands stratèges nous enseignent cependant que l’usage de la force armée n’est pas le seul instrument de résolution des problèmes de sécurité. Si l’on admet la thèse selon laquelle le terrorisme qui a frappé Paris est d’abord européen ou occidental dans sa généalogie, appliquons-lui les mêmes recettes qu’aux autres terrorismes. Au cours de la Seconde moitié du XXe siècle, la France a traité et résolu de multiples problèmes terroristes (d’extrême droite, d’extrême gauche ou encore régionaliste) de manière policière et judiciaire. Les forces de police et les juges anti-terroristes s’y attèlent d’ailleurs avec courage et efficacité depuis vendredi. Pourquoi ne pas concentrer ses efforts sur ces instruments ? Si l’on retient la thèse que le terrorisme islamique nous vient surtout du Moyen-Orient, il existe aussi l’option diplomatique. Après les attentats de Madrid de mars 2004 (près de 200 morts), le nouveau Premier ministre José Luis Rodriguez Zapaterro a maintenu sa promesse de se retirer d’Irak et les attentats ont cessé. Il est vrai que cette proposition paraîtra curieuse à ceux qui estiment (en bons humanistes ?) qu’on ne négocie pas avec les ennemis de l’humanité.

Mathias Delori. Chercheur CNRS au Centre Émile Durkheim de Sciences Po Bordeaux. Co-auteur, avec Gilles Bertrand, du livre Terrorisme, émotions et relations internationales, Paris, Editions Myriapode, 2015.


CLIMAT D’INSÉCURITÉ

LE MONDE | 23.11.2015| Par Stéphane Foucart

C’était bien évidemment la question piège. Samedi 14 novembre, sur la chaîne de télévision CBS, l’animateur du débat entre les prétendants à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine a demandé à Bernie Sanders s’il pensait toujours que le changement climatique était « la menace la plus importante pour la sécurité des Etats-Unis », comme il l’avait déclaré quelques semaines auparavant. La question est presque rhétorique. La veille, Paris était ensanglantée par des attaques terroristes d’une brutalité inédite en France. L’« urgence climatique » semble reléguée, depuis, à une question vaguement subsidiaire.
Bernie Sanders a pourtant répondu qu’il maintenait « absolument » son opinion. « En fait, le changement climatique est directement lié à l’augmentation de la menace terroriste (…), a-t-il expliqué. Si nous n’écoutons pas ce que les scientifiques nous disent, nous allons voir des pays tout autour du monde – c’est ce que dit la CIA – se battre pour l’accès à l’eau, pour l’accès aux terres arables, et nous verrons surgir toutes sortes de conflits. »
Tirer un lien entre sécurité et changement climatique en fait sourire certains. Ce lien est pourtant une certitude, et une certitude suffisamment incommodante pour être systématiquement oubliée et régulièrement redécouverte.

« Multiplicateur de menaces »
En mars 2008, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité transmettait aux Etats membres un rapport sans ambiguïté sur le sujet. Sept ans après sa rédaction, force est de constater son caractère prémonitoire. Le texte estimait que le réchauffement agit comme un « multiplicateur de menaces » dans des zones déjà traversées par des tensions sociales, politiques, religieuses ou ethniques.
« Les changements climatiques risquent d’avoir, à l’avenir, des incidences sur la stabilité sociale et politique au Proche-Orient et en Afrique du Nord », détaillait le rapport, qui pointait « les tensions liées à la gestion des ressources hydriques de la vallée du Jourdain et du bassin du Tigre et de l’Euphrate, qui se raréfient » et l’aggravation de ces tensions par l’augmentation des températures.
Il mettait aussi l’accent sur « une augmentation sensible de la population du Maghreb et du Sahel » au cours des prochaines années qui, combinée au changement climatique et à la diminution des surfaces agricoles, pourrait entraîner une « déstabilisation politique » et « accroître les pressions migratoires ». Même alerte sur le Yémen.
De manière troublante, presque toutes les zones identifiées en 2008 comme les plus sensibles au réchauffement – de la Mésopotamie au Levant en passant par le Yémen, le Sahel et l’Afrique du Nord –, ont basculé sept ans plus tard dans l’instabilité ou le chaos, chaos dont les attentats du 13 novembre sont le monstrueux rejeton.
Le cas syrien, en particulier, a fait l’objet de plusieurs travaux, cherchant la part prise par le climat dans la situation actuelle. Francesca de Châtel (université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas), spécialiste des questions de gestion de l’eau au Proche-Orient, en a livré une chronique saisissante, publiée en janvier 2014 dans la revue Middle Eastern Studies. Le scénario combine un cauchemar environnemental à une incurie à peu près totale du gouvernement syrien dans la gestion de ses conséquences.
Entre 2007 et 2010, favorisée par le réchauffement en cours, une sécheresse d’une sévérité jamais vue depuis le début des relevés météorologiques s’installe sur la région. Les Nations unies estiment que 1,3 million de Syriens en sont affectés. En 2008, pour la première fois de son histoire, la Syrie doit importer du blé. L’année suivante, plus de 300 000 agriculteurs désertent le nord-est du pays faute de pouvoir poursuivre leur activité. Car non seulement il ne pleut pas, mais un grand nombre de nappes phréatiques, surexploitées depuis les années 1980, sont à sec… En 2010, 17 % de la population syrienne est en situation d’insécurité alimentaire.
Bien sûr, les déterminants environnementaux n’invalident nullement les autres – religieux, politiques, ethniques, etc. –, habituellement mis en avant. Mais leur rôle est clair : comment penser que la destruction partielle de la production primaire d’un pays puisse être sans effet aucun sur sa stabilité et la sécurité de ses voisins ?

Grilles de lecture
Dans une étude publiée en mai dans Journal of Development Economics, Matthias Flückiger et Markus Ludwig, de l’université de Bâle, en Suisse, donnent une illustration extraordinaire de ce lien entre environnement et sécurité. Les deux économistes ont analysé les données relatives aux actes de piraterie au large d’une centaine de pays, et à l’abondance de plancton dans les mêmes eaux. Selon leurs calculs, lorsque la quantité de plancton baisse de 10 %, le nombre d’actes de piraterie augmente d’autant…
Parce qu’elle est étrangère à nos grilles de lecture habituelles, cette corrélation peut surprendre, mais elle n’est pas si étonnante. Le plancton – affecté par le réchauffement – forme le socle de la chaîne alimentaire marine : lorsqu’il vient à manquer, ce sont les pêcheries qui trinquent. Les pêcheurs se retrouvent alors avec des bateaux qui ne peuvent plus servir à pêcher. Il faut donc trouver une autre activité permettant de les amortir, et la piraterie en est une.
En frappant Paris le 13 novembre, l’organisation Etat islamique (EI) a remis le court terme au centre de l’agenda politique. La conférence décisive sur le climat, qui doit s’ouvrir le 30 novembre dans la capitale française, est passée au second plan. Pour la lutte contre le réchauffement, c’est une mauvaise nouvelle. On aura compris que, pour l’EI et tous ceux qui prospèrent sur le désespoir des plus pauvres, c’est une formidable victoire.

LA VÉRITÉ EST TOUJOURS PLUS SIMPLE QU’ON NE LE CROIT

21 novembre 2015 | PAR Jean-Louis WAISSMANN

Le terrible massacre de ce vendredi 13 novembre 2015, que nous venons de vivre en direct à la télévision nous oblige à nous poser les vraies questions. Il est vain de tenir des discours sur l’inhumanité des terroristes, leur sang-froid, leur détermination et leur volonté de mourir.
On pouvait encore en janvier 2015 dernier, se gargariser avec ce discours, justifier notre bonne conscience de gardien de la liberté et de la démocratie dans le monde.
La répétition de l’opération de janvier dernier à une puissance exponentielle, la révélation de l’importance de la filière djihadiste, implantée notamment dans notre pays, mais sans doute dormante dans toute l’Europe, doit nous ouvrir les yeux pour poser les bonnes questions.
Comment notre société dite démocratique engendre en son sein de tels monstres ? Car les attaques ne viennent plus de l’extérieur ; on sait maintenant qu’au moins 1800 personnes issues de notre pays fréquentent la filière djihadiste et que le phénomène prend toujours un peu plus d’ampleur.
En janvier 2015, la démonstration de l’unité nationale (toute de façade) et la solidarité affichée par la communauté internationale pouvaient sembler nous protéger,( au moins pour quelques-uns, qui avaient sous-estimé l’ampleur du mal,) de nouveaux assauts.
On peut toujours se donner bonne conscience en dénonçant le mandataire de ces opérations, aujourd’hui Etat Islamique, hier El-Quaïda.
Comment encore pouvoir affirmer que nous pourrons nous protéger à l’intérieur par des mesures draconiennes qui visent à limiter les libertés et à l’extérieur par le bombardement du mandataire.
Nous ressentons tous que ces discours et ces mesures sont inopérantes, voir même contreproductives, car elles renforcent la détermination des acteurs intérieurs et extérieurs.
Les jeunes recrutés par le mandataire, ne sont plus uniquement issus de la communauté maghrébine que l’on a pas su intégrer dans la société française ; ils sont des « convertis » ,pas vraiment à la religion islamique, mais à la religion de la violence et au mythe du surhomme.
Ils n’ont aucune foi religieuse, ils rêvent de détruire par la violence un monde d’inégalité et d’injustice, qui les laissent sans espoir.
Le modèle de violence, il leur est offert à profusion et pour pas cher, par les médias et les jeux vidéos ; ils sont les enfants de cette culture de l’image.
La jeunesse est toujours porteuse de rêves extrêmes ; l’absence totale d’idéologie hors celle de la finance, qui règne en occident laisse toute latitude à un quelconque groupe plus politique que religieux, qui propose de reconstruire le passé glorieux du Califat de recruter dans ses rangs, au-delà de son centre d’intérêt et d’action.
C’est l’absence de perspectives pour les couches les plus fragiles d’une société de plus en plus inégalitaire qui fait la terreur du djihadisme pour les jeunes européens.Quant au mandataire, Etat Islamique ou El-Quaïda, ils se sont largement construits sur les ruines des états du Moyen-Orient que l’Occident a plongé dans la ruine au nom de la démocratie : Irak, Lybie.
Qui peut encore croire que l’on construit la démocratie sur le champ de ruines de nos bombardements aveugles ? Quelle reconstruction possible sur fond d’économie ruinée, des peuples hantés par la violence, de ce qu’ils ont vécus !
Et lorsque les pays voisins tentent l’aventure du printemps arabe, ils ne trouvent aucun vrai soutient de la part de ceux qui se targuent de démocratie, partout, les urnes sont bafouées que ce soit en Egypte ou la dictature reprend le dessus ou bien en Tunisie.
Ces évènements récents se situent sur fonds de soixante ans d’un conflit Israelo-Palestinien, lui aussi d’une vraie violence, la violence du fort contre le faible.
Devant ces reniements répétés, pas étonnant qu’une jeunesse arabe soit tentée de se donner au marchand d’illusions qui lui fait miroiter que la dignité sera reconquise par la mort et la terreur organisée !
Ce n’est pas en fermant ses frontières, en surveillant sa jeunesse perdue et révoltée, en se contentant de bombarder la Syrie de Daeche, par peur d’envoyer les troupes au sol, que l’Occident et la France en particulier, arrêtera l’envie de violence et de destruction nihiliste…. qui se développe dans ses rangs et au Moyen Orient.
Il est une idée simple, qu’aucune violence ne vient à bout de la violence de l’autre, ni à court terme, ni à long terme.
C’est un renversement de la vapeur dans toutes les directions qu’il convient d’agir :
Laisser les urnes s’exprimer, quel que soit le résultat et ne pas les bafouer lorsque cela ne convient pas à notre intérêt ou idéologie.
Reconstruire un monde où la communauté internationale respectera chacun pour la sauvegarde de tous : à la veille de la COP21, il est temps pour l’occident riche ,de montrer au reste de la planète, qu’elle s’emploie à réaliser ; une réorientation de l’économie mondiale respectueuse de la planète et non avide de la piller.
 Seuls des messages de paix et de sagesse peuvent venir à bout des violences et non les rodomontades. de guerre que l’on envoie.

Jl waissmann
Paris, le 15/11/2015

COMMENTAIRES SUR CE TEXTE :

23/11/2015, 00:08 | PAR CLAUZIP12
Le systeme de fonctionnement de l’humanité est actuellement basé sur le pillage sans scrupules et de maniere de plus en plus accéléré, de toutes les ressources de la planete .
Ce pillage profite à une infime minorité en laissant hors des bénéfices une tres grande quantité d’humains sur le bord de l’autoroute avec pratiquement aucune espérance si ce n’est pour une minorité les religions et la violence.
Nous ne sommes qu’au début d’une transformation négative des rapports internes à l’humanité.
L’idéologie néoliberale s’est installée dans toutes les spheres des états déshumanisant au possible les relations et les protections attendues de la démocratie et du droit.
La béte immonde neolibérale n’a rien à envier aux systemes totalitaires qu’elle soutient.
Il est intolerable pour des hommes en démocratie de subir une agression telle que celle de Paris le 13 novembre.Cela doit etre affirmé !
Pourtant,un banquier à pu gruger volontairement des centaines de milliers voire des millions de personnes avec les subprimes,les laissant sur la paille.
Cela n’a entrainé aucune sanction.
Il est possible de mettre au chômage des centaines de milliers de personnes dans le but de faire plus de bénéfices.
Il est possible d’expulser de leurs terres des peuples entiers ou de coloniser par la force leu territoires sans réaction de lONU ou d’un quelconque état !
Il peut y avoir des dizaine de milliers de mort soit par la guerre ,soit par des tremblements de terre ,cela nous émeut moins que la mort de notre animal domestique.
Pourtant les perspectives sont sombres:le dérèglement climatique dont les puissances financières veulent ignorer le fait entrainera des centaines de millions de migrants sur toute la planéte et des violences inouïes.
Nos armées n’auront d’autres objectifs de protéger les frontieres avec des conséquences terribles.
Le système financier ne prendra en compte le fait que si ses dividendes diminuent globalement parceque la main d’oeuvre laborieuse en sera à se défendre pour assurer sa survie.
C’est alors que les milices payées par l’infime minorité des financiers se développeront pour protéger leurs patrimone,les armées nationales complétement déstructurées et laissées à l’ababandon par les gouvernement fantôme ou achetés et sans les ressources des états affaiblis ou disparus.
TAFTA est la première étape de ce scénario de mort.
L’environnement sera détruit.
L’humanité sera réduite à la faim et au servage.
Il y a la nécessité pour l’humanité de prendre son destin en main.
Vraisemblablement il y aura des pertes humaines majeures pour permettre la survie des autres et leur donner l’espoir perdu après une refonte de l’économie planétaire.
 

23/11/2015, 01:37 | PAR LUC RIGAL EN RÉPONSE AU COMMENTAIRE DE CLAUZIP12 LE 23/11/2015 À 00:08
À ce scénario-catastrophe que je crois également très plausible, on peut ajouter l’exploitation du spectacle même de la catastrophe.


Une de mes correspondantes souhaite de son côté me voir relayer le texte qui suit. Pourquoi pas ? Un peu de douceur dans ce monde de brutes ne serait pas tout à fait du luxe !

« La vie intérieure, c’est savoir que la paix n’est pas dans le monde, mais dans le regard de paix que nous portons sur le monde. C’est savoir que la joie n’est pas dans le monde comme des dragées dans une bonbonnière, et qu’il suffit d’attendre qu’une société enfin parfaite, ou des appareils, enfin complets, remplissent la bonbonnière.

C’est savoir que la joie n’est jamais pour demain, mais pour aujourd’hui, ou alors qu’elle ne sera pas. Être bien sûr que les événements, même les plus doux, la campagne, même la plus fleurie, la paix civile, même la plus durable, ne la donneront jamais. Et cela, pour la simple raison que nous l’avons déjà. »
– Jacques Lusseyran

« Parfois, lorsque je vis des moments difficiles, il y a une pensée que j’aime bien méditer : si je perds quelque chose, c’est parce que je ne l’ai jamais vraiment eu en partant. Ou parce que ce n’était pas tout à fait réel, plus exactement.

Si je perds l’espoir, c’est parce qu’il n’était pas enraciné très profondément. Si je perds ma joie, c’est parce qu’elle avait une bien faible fondation. Si je perds ma paix, c’est parce qu’elle dépendait des conditions. Si je perds mon sentiment de sécurité, c’est parce qu’il était ancré dans une illusion.

La paix, la joie et la sécurité sont intrinsèques et inconditionnelles par définition. Les seules choses qui peuvent nous être enlevées sont les substituts et les imitations.

Ainsi, après avoir pleuré toutes les larmes devant être pleurées et après avoir purgé toute ma frustration, j’aime bien me rappeler : quoi que j’aie le sentiment d’avoir perdu, il y en a une version beaucoup plus belle, beaucoup plus réelle, qui est maintenant prête à se révéler. À moi de la découvrir et de l’explorer.

Une douce journée à vous ! »