Comme le disait George Orwell au sortir de la Seconde Guerre mondiale, « lorsque les fascistes reviendront, ils auront le parapluie bien roulé sous le bras et le chapeau melon ».

Cet ensemble de textes publié sur mon blog de Mediapart le 6 mai, avant le second tour, il me semble utile de le mettre avant les législatives à la disposition des visiteurs du Globe de l’homme moyen, qui n’en méritera que mieux son nom !
Il s’agit de tenter de mettre en perspective cette consternante anecdote qu’a été l’élection pestilentielle avec l’ensemble des problèmes essentiels d’une humanité mondialisée en pleine frénésie d’autodestruction – comme vous pourrez le constater dans mon prochain billet.
Car ce qui m’a le plus frappé dans toute cette histoire shakespearienne revue et corrigée façon vespasienne, c’est l’absence totale de vision politique digne de ce nom partagée par presque tous les candidats et l’immense majorité des médias et des « commentateurs » de tout poil.
Un tel degré d’aveuglement ne peut être dû au hasard, et nous appelle à une radicale remise en question d’une vision du monde aussi répandue qu’obsolète. Terriblement ralentie par un autruchisme volontaire qui fait encore consensus pour beaucoup d’entre nous, la prise de conscience est d’autant plus urgente qu’elle est tardive. Si je pouvais y participer si peu que ce fût, je me sentirais un peu moins inutile et moins impuissant…


Ceux qui votent blanc ou s’abstiennent ont été l’objet depuis 8 jours d’attaques d’une virulence surprenante de la part d’une gauche-œufs de lump visiblement paniquée et s’abaissant à des oukases et des injures dignes… du Front National !
On nous accuse de faire le jeu de Le Pen et du FN, ce qui est totalement faux.
Nous refusons simplement d’entrer dans le jeu de bonneteau que nous impose l’oligarchie financière, grande spécialiste de ce genre de marché gagnant-perdant intitulé TINA et qui se résume à la célèbre formule : Pile, je gagne, face, tu perds.
Je souhaite donc éclairer notre position
– d’abord en fournissant quelques éléments d’information que les médias dépendant de ladite oligarchie se gardent bien de monter en épingle puisqu’ils informent sur ce qui se joue et sont donc de nature à contrarier leur communication (leur propagande en clair, un matraquage incroyable)
– ensuite en précisant ma position et en relayant quelques textes qui remettent les choses au point et les pendules à l’heure, qui est selon moi beaucoup plus grave encore que ne le pensent ceux qui prennent Macron pour un démocrate, puisque, comme c’était évident dès le départ, c’est bien lui qui sera élu, l’arbre FN ayant une fois de plus servi à cacher la forêt néo-libérale.

Si, ce que je comprendrais très bien, vous n’avez pas le temps ou l’envie de lire ces textes, qui constituent un mini-corpus dans lequel vous pouvez picorer ce qui vous intéresse, je me permets d’insister pour que vous regardiez la vidéo de l’entretien de quelques minutes accordé en 2012 par un cadre du Crédit Agricole à propos de ce qu’allaient faire Hollande et Macron après l’élection du redoutable ennemi de la finance.
C’est une vidéo que devraient voir tous ceux qui comme moi ont voté Hollande en 2012 et ceux qui s’apprêtent à voter Macron en 2017. Si après ça vous pensez encore être en démocratie, je ne peux plus rien pour vous !

LA « GAUCHE » FINANCIÈRE LA VÉRITÉ SUR HOLLANDE ET MACRON François Ruffin Cliquez sur ce lien : https://youtu.be/Wn72T4dTFho

Macron - Histoire d’une Haute Trahison - Les preuves accablantes
par François Ruffin (Merci Patron !)

Nous publions ici des documents qui ne devaient pas être portés à la connaissance du public.
Cette interview d’un financier du Crédit Agricole qui remonte au début de 2012 démontre clairement qu’il y a bien un complot de la Haute Finance depuis au moins cette date, pour imposer Macron. 
Ils veulent à présent tout le pouvoir politique, en plus du pouvoir économique, pour finaliser l’avènement du Nouvel Ordre Mondial. 
Macron est là pour achever le (droit du) travail, sous les ordres de la Haute Finance, pour une Haute Trahison de la France et des Français...
Grâce à la complicité active des politiciens, des journalistes, et la soumission pathétique d’une grande partie des Français eux-mêmes...


Voici maintenant ma position personnelle :

 PILE IL GAGNE, FACE NOUS PERDONS

Qui vote Le Pen collabore à l’émergence du Front National et au risque d’une prise de pouvoir par une extrême-droite fascisante.
Qui vote Macron devient de fait le collabo des banques qui ont déjà pris le pouvoir et sont en route à travers leur dernier avatar, EM, vers le pouvoir absolu auquel la France reste un des obstacles.
Nous ne pourrons pas dire ensuite : Je ne savais pas, comment aurais-je pu savoir ?

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
Personne ne me convaincra d’aller voter si je ne le veux pas, et de mon côté, je n’ai pas l’intention d’essayer de convaincre qui que ce soit, non par indifférence, loin de là, mais par simple respect.
Car le prosélytisme m’a toujours plus que gêné, il me choque. Convaincre, c’est la plupart du temps vaincre un con, et cela suppose de toute façon qu’il y ait un con vainqueur et un con vaincu.
Que vaut la pensée de quelqu’un qui n’a pas su se convaincre lui-même ? Tenter de convertir autrui, c’est toujours d’une certaine façon le mépriser en croyant détenir une vérité qu’il ne saurait trouver lui-même. Tout l’objet de la maïeutique socratique consiste à faire en sorte que la personne découvre par elle-même sa part de vérité.
Échanger, débattre, oui, témoigner de sa petite vérité individuelle, absolument. Témoigner est un droit, et selon moi un devoir. Cela exclut de hurler avec les loups qui nous invitent à rejoindre leur vérité comme si c’était forcément la nôtre, qu’ils soient d’extrême-droite ou qu’ils se prétendent de gauche.
Penser par oukases comme le font les belles âmes qui nous enjoignent de voter Macron pour des motivations qui me paraissent en fin de compte tout aussi inspirées par leurs intérêts bien compris que par la morale à géométrie variable dont ils se gargarisent, je m’y refuse.

DÉBOUSSOLÉS ?
Comme souvent quand leur « raison » n’a plus de prise sur une réalité qui a évolué à leur insu, ceux d’entre nous qui se croient « raisonnables » deviennent fous furieux. Leur logiciel ne fonctionnant plus, saisis de panique, ils se mettent à dire et faire n’importe quoi.
Leurs analyses se focalisent aujourd’hui sur des conséquences (le FN) dont l’éradication restera impossible tant qu’on ne remédiera pas à leurs causes (notamment la mondialisation libérale-nazie et la façon dont les « élites » gouvernantes françaises ont instrumentalisé le FN comme repoussoir pour pérenniser leur pouvoir).
Ce qui se passe actuellement en France n’est qu’une partie d’une catastrophe en cours déjà bien avancée : l’autodestruction de l’humanité par la mondialisation néo-libérale. À l’échelle mondiale, au moment où l’humanité a presque achevé de scier la branche sur laquelle elle est assise, le FN n’est qu’un épiphénomène, l’un des symptômes d’une pandémie en plein essor.
Le « populisme » dénoncé avec une perversité dans le culot absolument effarante par les tenants du système oligarchique me semble être d’abord une très logique réaction collective inconsciente à la perception très concrète du désastre actuel, d’où le fait qu’il se répand comme une traînée de poudre un peu partout dans les pays dits développés.
En ce sens, nos débats de ces jours derniers me semblent à la fois ridicules et tragiques. Nous regardons le doigt à la loupe pendant que la lune nous tombe dessus. Ce que je crois être l’inconscient collectif, comme toujours beaucoup plus conscient que notre conscience, perçoit ce danger que nous refusons de voir. C’est le coup du Titanic : on a le pressentiment, l’inconscient nous avertit, des indices viennent renforcer notre intuition, mais par bêtise, par inertie, par arrogance, on chausse les lunettes roses de la raison radotante, des idées reçues et du consensus mou (« Ça ne peut pas nous arriver, pas à nous quand même… »).

UN ENJEU PLANÉTAIRE
Dans le débat d’hier entre les deux représentants de l’inhumanité, pas un mot, pas un seul, sur l’écologie, rien sur le réchauffement climatique. Curieuse conception de la sécurité !
Pratiquement rien sur nos institutions désormais mortifères qui prennent l’eau de toutes parts et préparent les fuites en avant de la révolution ou, pire, de la dictature, déjà partiellement mise en place.
Mélenchon n’est pas parfait mais si j’ai fini par voter pour lui, c’est qu’il est à mon avis le seul à avoir largement compris ce qui se passe réellement et à avoir tenté de replacer le cas particulier de la France dans le cadre mondial dont il dépend, afin d’essayer de trouver de vraies solutions d’ensemble.
Ce qui est en jeu aujourd’hui, au-delà du FN, au-delà des migrants, c’est notre sort à tous. Là est la question. Alors assez de cet apitoiement obscène sur « ces pauvres migrants » dont nous acceptons en fait sans bouger le petit doigt qu’ils soient traqués, enfermés, déportés, noyés, expulsés, alors que ceux qui souhaitent rester en France ne demandent qu’à s’intégrer et se mettre au service du pays (je parle ici d’expérience, à la fois ancienne et récente).
Que les bonnes consciences cessent de se draper dans des principes qu’elles ne respectent que quand ça les arrange ! Qu’elles cessent, du haut de leurs certitudes intéressées, de nous enjoindre de voter pour le moins pire sous peine de haute trahison ! Nous sommes en plein naufrage, savoir s’il faut se jeter directement à l’eau ou se battre pour monter dans une chaloupe bondée qui coulera dès sa mise à l’eau, c’est jouer les Gribouille.
Choisir Macron c’est à mes yeux ne pas voir que la bête immonde qui à juste titre nous fait à la fois peur et horreur a muté, et que sous une forme nouvelle, plus habile et insidieuse, elle est déjà dans la bergerie, d’où elle nous tend le piège du chantage antifasciste.

ÊTRE ANTIFASCISTE AUJOURD’HUI, c’est refuser non seulement les sursauts du fascisme d’hier mais l’hégémonie destructrice du néo-libéralisme actuel. Quoi de plus authentiquement fasciste que le "There Is No Alternative" systématique qui exclut de fait toute possibilité de démocratie pour imposer la loi, non de la jungle, qui est nettement plus civilisée, mais du profit, de l’argent-roi, lequel a toujours eu partie liée avec le fascisme ?
Hitler ne serait jamais arrivé au pouvoir s’il n’avait été dès le début soutenu par l’oligarchie industrielle et financière allemande, celle-là même qui avait soutenu l’infâme Ludendorff quand il avait à l’aube de la première guerre mondiale théorisé et systématisé la notion de guerre totale qui allait porter de si beaux fruits par la suite.
Depuis deux cents ans, à la lumière de Lumières beaucoup moins éclairantes que ne le croient encore des rationalistes mécanistes d’autant plus manipulés par leur inconscient qu’ils ne veulent pas entendre parler de lui, les apprentis sorciers que nous sommes n’ont cessé de jouer avec le feu en tous domaines. Selon les lois de la thermodynamique, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Parce que nous n’avons pas su ni voulu le gérer, ce que nous appelons souvent imprudemment le progrès nous revient de toute part, boomerang irrésistible des conséquences imprévues, en pleine figure. Le cauchemar est en route, mais il est réel et il ne suffira pas de se réveiller pour le dissiper.
C’est entre autres pourquoi il est exclu que je vote Macron. Il y a à mes yeux un monde entre ce que dit Macron et ce qu’il a fait et veut faire. En ce sens, Le Pen et lui se valent, loups déguisés en bergers. Libre aux amateurs de sensations libérales fortes de jouer les Petits Chaperons rouges, très peu pour moi, merci, j’ai déjà donné.

Et puis il y a eu LE « DÉBAT ». VOUS AVEZ DIT DÉBAT ?
Je croyais connaître la peur. J’avais tort. Je sais depuis hier soir ce qu’est la peur. Le débat entre les deux candidats qu’a réussi à imposer l’oligarchie au pouvoir m’a d’abord mis dans une colère noire. Qui cachait en fait la terreur qu’a provoqué en moi ce débordement réciproque de haine. Aucun de ces deux personnages répugnants n’aura mon vote.
Alain Sagault

Je voudrais rappeler maintenant que les mots disent beaucoup plus de choses que nous ne le croyons et qu’ils constituent parfois des prisons mentales dont on ne sort qu’en en prenant conscience :

STYLE JOURNALISTIQUE ET DÉMOCRATIE

Notre époque de délire normalisateur semble autoriser ceux qui considèrent détenir la vérité et la science infuse à multiplier les injonctions souvent paradoxales et arguments d’autorité irrecevables par essence (Il faut voter Macron, il faut faire barrage à Le Pen, il faut se laver les dents trois fois par jour, il faut manger cinq fruits et légumes par jour).
Ainsi de ce titre paru ce 4 mai dans Mediapart, et qui a, je n’en doute pas, échappé en toute innocence et bonne foi à la conscience de ses auteurs :
« Ce qu’il faut retenir de deux heures et demie d’échanges tendus »
Il me semble intéressant de proposer à la suite de ce titre, typique des mauvaises habitudes inconsciemment prises par les médias, mais aussi par nous, simples particuliers, à la suite des intellectuels de pouvoir (voir la tournure infantilisante et culpabilisante si répandue depuis quelques années chez les « experts » de tout poil : « Il faut savoir que ») un texte du créateur du Seitaï, Haruchika Noguchi commentant Tchouang-Tseu à sa manière si personnelle et pertinente :
« Notre vie est limitée, or il n’y a pas de limite aux « il faut » et « il ne faut pas », et si, avec nos limites, nous essayons de nous conformer aux « il faut » et « il ne faut pas » qui sont sans limites, tout ce qui va nous rester c’est l’angoisse d’être incapables de nous y conformer. Pourtant, les gens courent toujours après les « il faut » et « il ne faut pas ». Et leur anxiété augmente.
On suit la voie de l’hygiène avec comme seul résultat la multiplication des « il faut » et « il ne faut pas » ; les « il faut » et « il ne faut pas » auxquels les gens doivent faire attention se multiplient de plus en plus ; et alors l’angoisse d’avoir à observer ces règles conjuguée avec la peur de ne pas en être capable rend les gens toujours plus timorés et abattus.

Quand les « il faut » et « il ne faut pas » contrôlent l’activité humaine, alors les êtres humains ont déjà forgé des chaînes pour eux-mêmes. La connaissance est une arme pour les êtres humains, et un pouvoir pour l’accomplissement de leurs intentions. Mais quand on accumule les connaissances et que la liberté des êtres humains est restreinte, les gens deviennent incapables de vivre avec vivacité à cause des « il faut » et « il ne faut pas », un peu comme les bois d’un cerf deviennent pour lui une gêne. Et alors il n’y a rien de mieux à faire que de se libérer en tranchant cette connaissance et en la jetant. »
Je soumets ce texte aux donneurs de leçons patentés et autres adjudants ratés en leur suggérant de dire leur chapelet en méditant sur un « Il faut » plus légitime et plus sain que les leurs : Faut pas trop faire chier…


À propos de la nature de l’abstention, un texte qui remet les choses en perspective dans le contexte actuel :

 L’abstention est-elle une idiotie ?

Un point de vue assez proche du mien et que je vous soumets donc ! :

 NE NOUS SOUMETTONS PAS !

Par Henri Pena-Ruiz, Philosophe, écrivain — 30 avril 2017 à 15:22
 
Seule la France Insoumise a su proposer une véritable alternative face à la montée du lepénisme, mais il faut désormais compter sur le troisième tour : les législatives. Pour faire barrage contre l’extrême droite et éviter un score à la soviétique pour Monsieur Macron, adepte du 49-3 et des ordonnances.

Selon Montesquieu le propre du despotisme est de gouverner à la peur. Or qui veut nous faire peur aujourd’hui ? Ceux qui prétendent que le FN est aux portes du pouvoir alors qu’il sera loin d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale, et par conséquent ne pourra pas gouverner. Les amis de M.Macron, avec sans doute l’appui d’un président qui a trahi ses promesses pour se faire élire, mettent en scène leur rêve, en forme de ruse machiavélique. Orchestrer la peur de voir Mme Le Pen gouverner afin de construire pour leur candidat une « majorité présidentielle » écrasante. Et disposer ainsi d’une majorité nette à l’Assemblée nationale pour continuer la politique d’un quinquennat sinistre.
C’est typiquement la logique de la cinquième République, hélas aggravée naguère lorsque Monsieur Jospin crut devoir inverser le calendrier électoral. La monarchie présidentielle prenait ainsi davantage encore le pas sur l’élection des représentants du peuple, ligotant celui-ci dans des alternatives mystifiantes. Quant à la lutte contre le FN, certains feraient bien de balayer devant leur porte. Qui donc a cyniquement joué sur un score élevé du FN pour substituer la peur à tout inventaire critique d’une politique de trahison fondée sur une tromperie initiale ?

Non au chantage à l’apocalypse
Sauver la démocratie ? Allons donc ! Monsieur Macron annonce son intention d’aggraver la Loi El Khomri par ordonnances…pendant les vacances d’été, afin d’éviter toute contestation. Jolie façon de réaliser la « démocratie participative » ! Naguère il proposait aux jeunes d’avoir pour seul idéal de devenir milliardaires. Sans doute en exaltant un système « Qui produit la richesse en créant la misère » (Victor Hugo). Belle profession de foi humaniste !
Ouvrons les yeux. Ras-le-bol de ce chantage à l’apocalypse pour désespérer encore une peu plus les laissés pour compte du néo-libéralisme et de la « concurrence libre et non faussée ». Avant de pleurnicher sur la montée du lepénisme, il serait bon de s’interroger sur ses causes et de proposer une véritable alternative, comme le fait La France Insoumise. Qui vient de faire reculer le score de Marine Le Pen, sinon Jean Luc Mélenchon ? Le score du FN est passé de 28 % à 21,5 % tandis que celui du candidat de la France Insoumise a atteint 19,6%.
Sa proposition de soumettre toute décision concernant le second tour à une réflexion collective des militants qui l’ont soutenu est toute à son honneur. Elle est en phase avec notre volonté de changer la politique par l’invention d’une sixième République. Elle répond à la complexité d’une situation qui mérite réflexion et délibération, à rebours de toute image d’Epinal. Ceux qui osent traiter Jean Luc Mélenchon de dictateur le calomnient, une fois de plus. Leur rage est d’ailleurs inconséquente. Tantôt ils lui reprochent son autoritarisme vertical, tantôt ils croient devoir s’indigner de sa refondation horizontale de la politique, soucieuse de faire parler le peuple. Il faudrait savoir !
Nous, fossoyeurs de l’Europe ? Une Europe construite à rebours de tous les idéaux de justice qu’elle était censée incarner. Victor Hugo inventa l’expression « Etats-Unis d’Europe », sur le mode confédéral d’une union des nations. Des nations libres dans une union libre, tournées vers le progrès social et la culture délivrée des inégalités économiques. Il doit se retourner dans sa tombe au regard de la caricature de son idéal par l’Europe actuelle. Une Europe néolibérale voulue par Jean Monnet, attachée à corseter les peuples dans la négation quasi irréversible des conquêtes sociales qui forcèrent le capitalisme à s’humaniser. Qui refuse la régression de civilisation que représente le credo du moins-disant social imposé par l’Europe actuelle ? Qui demande en Europe une harmonisation des droits sociaux par le haut ? La France Insoumise, avec das Linke, Podemos et Syrisa. Bref c’est la construction actuelle de l’Europe qui en creuse la tombe.
Monsieur Hollande avait promis de renégocier un traité européen, le TSCG. Il ne l’a pas fait. Et il ose maintenant reprocher à Jean-Luc Mélenchon de vouloir le faire ! Qu’a donné la litanie d’un changement intérieur de l’Europe ? Rien, car elle a sous-estimé l’emprise d’une finance mondialisée et elle a finalement abdiqué devant elle. Le terrible sort réservé au peuple grec en est la preuve. Relisons la mise en garde prémonitoire de Pierre Mendès-France contre cette orientation mortifère pour l’Europe. C’est notre acte d’insoumission qui réconciliera les peuples avec elle par une refondation politique, écologique et sociale.

De la souveraineté populaire
Par ailleurs, qui mène la bataille des idées contre le FN en expliquant le rôle des immigrés dans la reconstruction de la France, et en rappelant que les immigrés paient plus de cotisations qu’ils ne touchent de prestations ? Qui rejette le nationalisme d’exclusion inspiré par l’opposition du « eux » et du « nous » chère à Carl Schmitt ? Qui combat la thèse de Samuel Huntington selon laquelle les civilisations s’opposeraient et se hiérarchiseraient inéluctablement ? Qui ouvre la réaffirmation de la souveraineté populaire au niveau national à l’internationalisme, avec la promotion du progrès social pour tous les peuples ? La France Insoumise. Pour faire reculer les réflexes racistes ou xénophobes, ne nous contentons pas de condamnations moralisantes. Agissons sur les causes et déconstruisons les préjugés obscurantistes. Nous n’avons pas de leçons à recevoir des principaux responsables de la montée du FN !
« Populisme » ! Allons bon, encore un mot magique pour disqualifier sans argumenter ! Le propre du populisme de droite est de flatter le peuple et non de le servir. C’est d’ailleurs le sens littéral du mot démagogie, en grec ancien. Mais si défendre réellement les classes populaires c’est être populiste, alors soyons populistes. Par une telle défense, nous défendons également l’intérêt général. D’où la lutte contre la dévastation des droits sociaux et des acquis du programme du CNR, comme la Sécurité sociale et les services publics, et le refus de la déconstruction du code du travail à coup de 49-3 et bientôt d’ordonnances. Trêve de mots pièges et d’amalgames odieux entre les « deux extrêmes ». Un amalgame qui soit dit en passant banalise le FN puisqu’il lui donne le même statut qu’à la France Insoumise !

Le barrage à l’extrême droite ? Les législatives
Ensemble, en 2012, nous avions chassé la droite. Et pendant cinq ans nous avons eu la droite déguisée en gauche, avec l’exception honorable du Mariage pour tous courageusement promue par Christiane Taubira, réforme sociétale juste, mais qui n’aurait pas dû dispenser de l’attention à la question sociale. Il faut comprendre la désespérance du monde du travail, sans justifier pour autant n’importe quel vote protestataire. Je comprends qu’en l’état actuel des choses on puisse se sentir écartelé entre un vote blanc, improprement appelé « nul », qui marque le dégoût d’une pratique politique désespérante, et un vote Macron, posé un peu vite comme seule alternative à l’extrême droite. Les deux votes sont respectables, et je dénie à quiconque le droit d’en disqualifier un. Mais c’est désormais un troisième tour, celui des Législatives, qui permettra de dresser un véritable barrage contre l’extrême droite, et non un score à la soviétique pour Monsieur Macron, adepte du 49-3 et des ordonnances.
Un dernier mot sur l’incroyable faute déontologique et le manque d’esprit laïque du président de la République. Comment Monsieur Hollande a-t-il considéré les devoirs de sa fonction lorsqu’il a violé la réserve qu’il avait annoncé vouloir respecter, n’étant pas candidat ni chef de parti mais Président de tous les Français ? Ses accusations insensées, aux limites de la calomnie, sur la prétendue complicité de Jean-Luc Mélenchon avec Assad et Poutine, ou sa propension supposée dictatoriale, ont rompu l’égalité de traitement des candidats alors que la constitution lui faisait un devoir de la respecter. Décidément l’immunité présidentielle, elle aussi, devra être revue par la sixième République dans le cadre de la moralisation de la vie politique !
Dernier ouvrage paru : Dictionnaire amoureux de la laïcité, Editions Plon. 
Henri Pena-Ruiz Philosophe, écrivain



À propos de la nature du libéralisme actuel, voici quelques extraits d’un article paru dans Mediapart sur un essai collectif tout récent publié par un groupe de chercheurs :

ESSAIS

 « Échapper à la grande régression »

2 MAI 2017 PAR JOSEPH CONFAVREUX

Le coordinateur de ce livre collectif écrit en introduction :
« Tout ce qui avait pu être écrit, il y a presque vingt ans de cela, sur les répercussions, alors encore à venir, de la globalisation, s’est avéré pour l’essentiel exact, sans que la moindre leçon en soit tirée pour autant. »

« Face à Trump ou Clinton, incarnations réciproques d’une extrémisation droitière ou d’une faillite libre-échangiste, le philosophe juge qu’une « politique de gauche à opposer à ces deux-là devrait consister à élaborer des traités internationaux d’un genre inédit : des accords visant à contrôler les banques, à instaurer des critères écologiques précis, à protéger les droits des travailleurs, à garantir à tous de mêmes soins de santé, à protéger les minorités sociales et ethniques, etc. La grande leçon du capitalisme global, c’est que les États-nations ne peuvent faire à eux seuls le travail – seule une entité politique internationale d’un type inédit serait, peut-être, à même de brider le capital global ».
À ce programme déjà (trop ?) vaste, le philosophe Bruno Latour ajoute une nouvelle pierre, dans ce qui constitue la contribution la plus lumineuse de l’ouvrage, en explorant les contours du « nouveau régime climatique » qui « balaye depuis longtemps toutes les frontières et nous expose à tous les vents, sans que nous puissions construire de murs contre ces envahisseurs-là. Si nous voulons défendre nos identités, il va falloir identifier ces migrants sans forme ni nations qu’on appelle climat, érosion, pollution, épuisement des ressources, destruction des habitats. Même en scellant les frontières aux réfugiés sur deux pieds, jamais vous n’empêcherez les autres de passer ».
Pour le philosophe, nous sommes face à une situation, où, pour « reprendre la métaphore éculée du Titanic : les gens éclairés voient l’iceberg arriver droit sur la proue, savent que le naufrage est assuré, s’approprient les canots de sauvetage ; demandent à l’orchestre de jouer assez longtemps des berceuses pour qu’ils profitent de la nuit noire pour se carapater avant que la gîte excessive alerte les autres classes ! ». Cette configuration permet de comprendre que « ce que l’on appelle à partir des années 1980 la “dérégulation” et le “démantèlement de l’État-providence” ; à partir des années 2000 le “climato-négationnisme” et, surtout, depuis quarante ans, l’extension vertigineuse des inégalités, que tout cela participe au même phénomène : les élites ont été si bien éclairées qu’elles ont décidé qu’il n’y aurait pas de vie future pour tout le monde, qu’il fallait donc se débarrasser au plus vite de tous les fardeaux de la solidarité – c’est la dérégulation ; qu’il fallait construire une sorte de forteresse dorée pour les quelques pour cent qui allaient pouvoir s’en tirer – c’est l’explosion des inégalités ; et que pour dissimuler l’égoïsme crasse d’une telle fuite hors du monde commun, il fallait absolument nier l’existence même de la menace à l’origine de cette fuite éperdue – c’est la dénégation de la mutation climatique ».

Voici une très éclairante approche du dilemme scélérat qui nous est proposé, qui rme convient d’autant plus qu’elle rappelle opportunément les vertus du silence :

04/05/2017 10:24 PAR DIOGÈNE DE TOURS EN RÉPONSE AU COMMENTAIRE DE THEORTIE LE 04/05/2017 02:53
 

 
PUISSANCE DU SILENCE

LE « CHOIX DE SOPHIE » ET LE « SILENCE DE LA MER »