Jean-Luc Hees et son exécuteur des basses œuvres Philippe Val, ces parangons de vertu outragée, ont décidé de nous priver des fausses notes insupportables aux gens de goût de leur espèce que sont les chroniques de Stéphane Guillon et Didier Porte.
D’abord, c’est évident, dans la tranche horaire politique, il faut être sérieux. Et puis, qu’est-ce que c’est que cette idée de vouloir être drôle sur le dos de gens qui ne le sont pas ?
Car, et c’est bien là que le bât blesse ces deux ânes devenus solennels à force de manger dans la main des hommes de pouvoir que sont Hees et Val, Guillon et Porte sont souvent drôles, et sur des sujets qui ne le sont pas, et dont leur drôlerie fait apparaître sous une lumière crue le côté sinistrement scandaleux.
Or, même avec un nez de clown sur la tronche, Hees et Val ne seraient pas drôles. Les cons ne le sont jamais, fût-ce involontairement. Et quand ils se doublent de fieffés hypocrites, ils deviennent franchement répugnants.
À vrai dire, répugnant, Val, qui s’est battu les flancs pendant trente ans pour essayer d’être drôle sans jamais y arriver, l’a toujours été. J’ai eu le déplaisir de voir il y a longtemps le spectacle qu’il a commis pendant de longues années avec Font. C’était, comme on dit dans notre métier, à chier. Stupide, puéril, scatologique, obscène, bref, tout sauf drôle.
On comprend que ce sinistre bouffon soit désespérément jaloux de deux humoristes qui jouissent d’un talent dont il est cruellement dépourvu. Le seul véritable exploit de Val aura été de réunir en sa minuscule personne l’odieux et les ridicules de trois des plus imbuvables et risibles personnages de Molière : Tartuffe, Trissotin et le Bourgeois gentilhomme.
Bien entendu, les « arguments » avancés par les deux compères pour justifier cette vilenie relèvent, comme il se doit en Sarkozie, voyez l’affaire Bettencourt-Woerth, de la plus parfaite hypocrisie et n’ont donc pas à être discutés. Ce n’est pas en se déshonorant que ces deux petits chefs retrouveront leur honneur prétendument souillé par les « insultes » de nos humoristes.
En fait, et sans doute en prévision de l’échéance de 2012, Hees et Val veulent nous priver des quelques bouffées d’oxygène qu’apportaient le regard critique et l’humour vachard de nos deux bouffons dans la matinale faussement délurée et gravement compassée inanimée par le désolant Demorand, ce faux brave à nez de carton – poule mouillée sous masque de capitan, encore un qui voudrait bien être drôle, et mordant, mais se contente de faire semblant, en homme qui sait naviguer, et a compris que le paraître est moins risqué que l’être.
Hees et Val, en bons valets des élites autoproclamées qui savent faire le bien du peuple sans lui demander son avis, ont raison d’éliminer Guillon et Porte. Dans le doucereux sirop matinal distillé par les spécialistes du prêt-à-penser unique, ces deux-là faisaient tache. Non seulement ils étaient drôles, mais leurs chroniques étaient les seuls vrais moments politiques entre 7 h et 9 h, les seuls instants décapants où la langue de bois consensuelle volait provisoirement en éclats.
Alors qu’approche la fin d’un quinquennat qui a donné au monde entier bien d’autres sujets d’indignation que les écarts verbaux de deux humoristes refusant de courber l’échine devant le pouvoir absolu de la communication, il était urgent de mettre un terme à cette insupportable liberté d’expression.
Si Hees et Val ne trouvent pas drôle que je traite d’immondes pharisiens les deux cafards qui se sont chargés de faire ce sale boulot, qu’ils me fassent donc un procès.
Je veux bien admettre que je suis médisant envers eux, mais une chose est sûre, je ne les calomnie pas.
Il n’y a pas de honte à porter un nez rouge. Mais en France aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui devraient avoir honte de ne pas rougir.

PS : Si Jean-Luc Hees veut savoir ce qu’est l’honneur, qu’il semble confondre avec la susceptibilité de son ego hypertrophié, qu’il écoute donc la chronique de François Morel d’hier. Elle n’est pas drôle, et pour cause, mais elle a tout ce qui fait tant défaut à notre duo d’honorables cagots : du courage, du cœur, et de la dignité.
Et pour ce qui est de l’honneur, pardon, de la Légion d’honneur du ministre du Travail ex-ministre du Budget, ne comptez pas sur moi pour donner tous les titres qu’il mérite à l’honnête, l’incorruptible Eric Woerth : comme Guillon et Porte, je me ferais virer de France-Inter…
Que par ailleurs, en auditeur cohérent, je quitte en même temps qu’eux, puisqu’eux seuls et Mermet m’y avaient ramené !

PS 2 :
Il n’y a pas qu’à France-Inter que les libertés sont menacées. Suite à l’interdiction pour le moins surprenante d’un pot proposé sur FaceBook par un paisible commerçant de Barcelonnette, l’ami Gouron, photographe citoyen de son état, a lancé cet appel :

LA PELLE DU 18 JUIN
En souvenir de l’ami que nous avons perdu sur FB (Uniquement sur FB), je vous invite tous à
NE PAS venir boire le pot de l’amitié, SURTOUT PAS sur la Place Manuel à Barcelonnette ce jour là,
car je risquerais alors, tout comme notre ami perdu, un procès, une amende, voir une bonne petite garde à vue...
En souvenir de ce jour, je vous invite à prendre votre pelle, si possible à neige,
et dans le recueillement creuser symboliquement et silencieusement pour ne pas nuire à l’ordre public,
un trou dans lequel vous jetterez ce nouveau petit morceau de liberté que l’on nous enlève.

Vive la France libre !