J’espère qu’on me pardonnera de rappeler quelques évidences que la communication (entendez la propagande) libérale et l’absence de bon sens si répandue aujourd’hui ont complètement occultées depuis quelques années.

LA GRÈVE, VOUS LUI DEVEZ TOUT…
Je suis toujours un peu surpris quand j’entends des travailleurs, la bave aux lèvres, hurler que les grèves les prennent en otages et souhaiter qu’on supprime le droit de grève ou au moins qu’on le châtre, en imposant un service minimum.
Une grève qui ne gêne que ceux qui la font, une grève qui ne met personne sous pression, ce n’est pas une grève, c’est une démission.
Une telle « grève » ne sert que les « élites » dirigeantes.
Pour vomir ainsi la grève il faut aux travailleurs une incroyable capacité d’amnésie ou une insondable stupidité.
Vous qui crachez sur la grève, sans toutes celles que vous n’auriez sans doute pas osé faire, mais que vos ancêtres ont faites pour vous, vous ne connaîtriez aujourd’hui que l’esclavage qui était le leur avant qu’ils n’apprennent à se mettre en grève – quitte parfois à y laisser non seulement leur boulot, mais leur peau.
Sans leurs grèves souvent « sauvages » et « illégales », vous n’auriez ni congés payés, ni assurances chômage, ni Sécurité sociale, et vous travailleriez encore cinquante ou soixante heures par semaine.
Et votre suicidaire rejet de la grève vous ramène peu à peu, troupeau aveugle et servile, à leur condition.
Car les riches ne donnent jamais que ce qu’on leur arrache. Et à ceux qui comme vous mendient, ils ne donnent que les miettes – et leur mépris.
N’en déplaise à ce faux moine de pub pour camembert pasteurisé qu’est Raffarin, le progrès social n’existe que dans les moments où la rue gouverne.
Par respect pour ceux qui vous ont donné ce que vous n’auriez jamais eu le courage de mériter, et à défaut d’avoir le courage de défendre pour vous et vos enfants cet héritage, ayez au moins la pudeur de vous taire et de laisser les vrais travailleurs, ceux qui ne travaillent pas seulement pour leur compte, mais pour l’humanité tout entière, travailler pour vous comme pour eux en faisant grève.
Et dites-vous bien que marcher un peu à pied vous fera moins de mal que de continuer à ramper.