ASSERMENTÉS
Je n’ai absolument rien contre les policiers tant qu’ils sont au service de l’intérêt général et de la société et se refusent à mettre le pouvoir que nous leur conférons au service d’intérêts particuliers, que ce soient les leurs ou ceux d’un gouvernement abusant du mandat qui lui a été confié.
Mais quand j’entends Brice Hortefeux dire à propos d’un jugement que « Notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu’il faut mettre hors d’état de nuire », j’ai du mal à en croire mes oreilles.
Citons les quotidiens : « Sept policiers jugés à Bobigny pour avoir porté de fausses accusations contre un homme ont été reconnus coupables, vendredi 10 décembre, de « dénonciation calomnieuse » et « faux en écritures » et condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Trois d’entre eux étaient également poursuivis pour « violences aggravées », l’homme accusé à tort ayant reçu des coups après son interpellation. »
Au passage, il n’était pas accusé à tort, il était victime d’un coup monté, ce qui n’est pas du tout la même chose ! Où l’on voit que la manière de rendre compte d’un événement témoigne du sens qu’on veut lui donner…
Si je comprends bien le ministre de l’Intérieur, un policier, du fait qu’il est policier, ne devient pas un délinquant quand il commet des « dénonciation calomnieuses », des « faux en écritures », ou des « violences aggravées ».
Sa nature de policier le blanchit par essence de toute culpabilité.
Dans ce cas, il est donc grand temps de réhabiliter les membres de la Gestapo, de la Stasi, etc, injustement condamnés par des juges qui n’ont pas su reconnaître leur qualité de policiers et les ont donc condamnés à des peines disproportionnées.
Quant aux policiers français qui ont pratiqué les rafles du Vel d’Hiv, il va de soi qu’ils avaient raison de mettre hors d’état de nuire des juifs dont l’étoile jaune prouvait assez qu’ils étaient des délinquants et des criminels.
Jusqu’à quand allons-nous tolérer de pareilles infamies ?
Devrait-il être nécessaire de rappeler que, du fait même qu’il est assermenté, un policier dispose d’un pouvoir tel que tout manquement dans l’exercice de ce pouvoir doit être sanctionné avec la plus grande sévérité ? Mentir quand on est assermenté est une acte de la plus extrême gravité, un acte criminel au sens exact du terme et qui fait de celui qui le perpètre un délinquant majeur.
Il est vrai que l’actuel ministre de l’Intérieur n’en est pas à un mensonge près quand il s’agit d’échapper à ses responsabilités, qu’il s’agisse de pagaille ou de racisme…
Une chose est certaine, Brice Hortefeux a tout à fait raison de nous rappeler que « ce sont les délinquants et les criminels qu’il faut mettre hors d’état de nuire », même et surtout s’ils appartiennent à la police, et à commencer bien entendu par lui-même, qui non content d’être poursuivi et condamné en première instance pour injures racistes, vient de commettre avec récidive une forfaiture particulièrement inadmissible.

LIBRE CHOIX
Le trait le plus saillant de la plupart des politiciens actuels, ce n’est ni leur incompétence, ni leur corruption, qui sont pourtant aussi insondables qu’incontestables, c’est l’invraisemblable stupidité qui les amène à croire qu’ils peuvent impunément nous prendre pour de parfaits abrutis.
Talonnés par Jean-Paul Huchon, messieurs Hortefeux et Fillon viennent encore d’en reculer les limites. Citons Pagnol, qui faisait dire à César s’adressant à Escartefigue : « C’est à dire que je te vois très précisément serrant contre ton coeur les bornes du couillonisme, et courant à toute vitesse pour les transporter plus loin, afin d’étendre ton domaine ».
Dans ce sport de haute compétition qu’est plus que jamais la connerie, il y a eu autant de progrès que dans les autres disciplines et les records sont battus avec une désespérante régularité. On en vient à se demander à quoi carburent nos élites pour se surpasser ainsi sans cesse…
Au point où nous en sommes arrivés il serait urgent que, comme du temps du trop oublié chansonnier Bérenger, dont le talent n’avait d’égal que la modestie et dont par conséquent nos politiciens feraient bien d’essayer de s’inspirer, les citoyens puissent à nouveau élire quelqu’un sans qu’il se soit présenté (et peut-être parce qu’il ne se présentait pas !).
Car les actuels candidats à nos suffrages n’ont dans leur grande majorité que le très insuffisant mérite d’un inoxydable toupet et d’une ahurissante prétention.

POST-SCRIPTUM
Des âneries proférées par Marine Le Pen, il n’y a rien à dire. À ce degré de connerie dans la provocation puérile, il convient de passer outre.
Les gouvernants actuels, qui ne se contentent pas de parler, sont autrement dangereux que les débiles impuissants d’une extrême-droite complètement rance. C’est bien pourquoi, histoire de détourner l’attention de leurs projets (privatiser la Sécurité sociale par la bande, entre tant d’autres), ils agitent une fois de plus cet épouvantail poussiéreux. C’est leur doigt qu’il faut regarder, non le visage de pleine lune de la fifille à son popa.