Mais avant de passer aux choses sérieuses, je je livre pour information à mes éventuels lecteurs deux phrases d’Ivan Illich dans son essai "Énergie et Équité", paru en 1973, phrases judicieusement citées comme prophétiques dans un récent numéro de Charlie Hebdo par l’excellent Fabrice Nicolino.
La voici : « Une politique de basse consommation permet une grande variété de modes de vie et de cultures. La technique moderne peut être économe en matière d’énergie, elle laisse la porte ouverte à différentes options politiques. Si, au contraire, une société se prononce pour une forte consommation d’énergie, alors elle sera obligatoirement dominée dans sa structure par la technocratie et, sous l’étiquette capitaliste ou socialiste, cela deviendra pareillement intolérable. »

Venons-en à notre gros morceau, au si bien nommé choc de compétitivité.
Cher François Hollande, cher Jean-Marc Ayrault, sachez-le, il est un moyen bien simple de le provoquer, ce fameux choc absolument indispensable pour mettre un terme à la léthargie où nous plonge notre inconscience du vrai but de la vie : gagner toujours plus d’argent à n’importe quel prix.
Il est temps de rendre leur dignité aux pauvres en leur permettant de se rendre utiles. C’est en effet un spectacle répugnant que cette masse inutilisable et inexploitée, agrégat d’individus plus ou moins tarés que leur paresse empêche d’être compétitifs, et qui sont en conséquence un terrible poids mort pour nos dynamiques créateurs de richesses, ces pigeons autoproclamés qui sont comme chacun sait le sel du genre humain et que dans notre criminelle inconscience nous voudrions si injustement rançonner alors que nous leur devons le gîte et le couvert.
Sans peut-être s’en rendre compte, mais de manière on ne peut plus prophétique, Paul Reboux et Charles Muller dans l’un des premiers pastiches de leurs célèbres « À la manière de… » avaient imaginé la solution la plus cohérente, la plus rationnelle, la plus logique au problème des pauvres.
Que faire donner au pauvre, puisqu’il n’a rien ? bêle le sens commun, toujours incapable de la moindre conception un peu grandiose et prisonnier des apparences les plus grossières.
Il n’a rien, le pauvre ? Calamiteuse erreur ! Le pauvre s’a, le pauvre peut donner beaucoup, suffit qu’il donne de lui-même. Pour qui sait voir sans préjugés et sans vaine sensiblerie, le pauvre est un gisement inexploité, une mine de richesses insoupçonnées.
Pour redevenir compétitifs, une seule solution : faire donner les pauvres, comme le prouve le texte qui suit. Lisez-le en entier, il en vaut la peine. Hitler, cet économiste si novateur, s’en est sûrement inspiré pour provoquer le formidable choc de compétitivité national-socialiste, avec l’aide de tout ce que la Gross Deutschland comptait à l’époque d’entrepreneurs visionnaires, créateurs d’emplois à durée minimale et déterreurs de richesses inutilisées.
Les pauvres, voilà notre troupe de choc pour booster notre compétitivité et notre croissance : que leur malheur serve au moins à quelque chose, que leur malheur contribue enfin à notre bonheur !
Cher François Hollande, cher Jean-Marc Ayrault, gouverner, c’est prévoir.
Nicolas Sarkozy vous a montré le chemin et ouvert la voie. Comme lui, davantage que lui :

FAITES DONNER LES PAUVRES !
A la manière de… Octave Mirbeau
Reboux et Muller, 1908
Faites donner les pauvres ? J’ai déjà entendu ça quelque part…