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samedi 26 juin 2010

CLOWNS TRISTES ? TRISTES BOUFFONS !

Jean-Luc Hees et son exécuteur des basses œuvres Philippe Val, ces parangons de vertu outragée, ont décidé de nous priver des fausses notes insupportables aux gens de goût de leur espèce que sont les chroniques de Stéphane Guillon et Didier Porte.
D’abord, c’est évident, dans la tranche horaire politique, il faut être sérieux. Et puis, qu’est-ce que c’est que cette idée de vouloir être drôle sur le dos de gens qui ne le sont pas ?
Car, et c’est bien là que le bât blesse ces deux ânes devenus solennels à force de manger dans la main des hommes de pouvoir que sont Hees et Val, Guillon et Porte sont souvent drôles, et sur des sujets qui ne le sont pas, et dont leur drôlerie fait apparaître sous une lumière crue le côté sinistrement scandaleux.
Or, même avec un nez de clown sur la tronche, Hees et Val ne seraient pas drôles. Les cons ne le sont jamais, fût-ce involontairement. Et quand ils se doublent de fieffés hypocrites, ils deviennent franchement répugnants.
À vrai dire, répugnant, Val, qui s’est battu les flancs pendant trente ans pour essayer d’être drôle sans jamais y arriver, l’a toujours été. J’ai eu le déplaisir de voir il y a longtemps le spectacle qu’il a commis pendant de longues années avec Font. C’était, comme on dit dans notre métier, à chier. Stupide, puéril, scatologique, obscène, bref, tout sauf drôle.
On comprend que ce sinistre bouffon soit désespérément jaloux de deux humoristes qui jouissent d’un talent dont il est cruellement dépourvu. Le seul véritable exploit de Val aura été de réunir en sa minuscule personne l’odieux et les ridicules de trois des plus imbuvables et risibles personnages de Molière : Tartuffe, Trissotin et le Bourgeois gentilhomme.
Bien entendu, les « arguments » avancés par les deux compères pour justifier cette vilenie relèvent, comme il se doit en Sarkozie, voyez l’affaire Bettencourt-Woerth, de la plus parfaite hypocrisie et n’ont donc pas à être discutés. Ce n’est pas en se déshonorant que ces deux petits chefs retrouveront leur honneur prétendument souillé par les « insultes » de nos humoristes.
En fait, et sans doute en prévision de l’échéance de 2012, Hees et Val veulent nous priver des quelques bouffées d’oxygène qu’apportaient le regard critique et l’humour vachard de nos deux bouffons dans la matinale faussement délurée et gravement compassée inanimée par le désolant Demorand, ce faux brave à nez de carton – poule mouillée sous masque de capitan, encore un qui voudrait bien être drôle, et mordant, mais se contente de faire semblant, en homme qui sait naviguer, et a compris que le paraître est moins risqué que l’être.
Hees et Val, en bons valets des élites autoproclamées qui savent faire le bien du peuple sans lui demander son avis, ont raison d’éliminer Guillon et Porte. Dans le doucereux sirop matinal distillé par les spécialistes du prêt-à-penser unique, ces deux-là faisaient tache. Non seulement ils étaient drôles, mais leurs chroniques étaient les seuls vrais moments politiques entre 7 h et 9 h, les seuls instants décapants où la langue de bois consensuelle volait provisoirement en éclats.
Alors qu’approche la fin d’un quinquennat qui a donné au monde entier bien d’autres sujets d’indignation que les écarts verbaux de deux humoristes refusant de courber l’échine devant le pouvoir absolu de la communication, il était urgent de mettre un terme à cette insupportable liberté d’expression.
Si Hees et Val ne trouvent pas drôle que je traite d’immondes pharisiens les deux cafards qui se sont chargés de faire ce sale boulot, qu’ils me fassent donc un procès.
Je veux bien admettre que je suis médisant envers eux, mais une chose est sûre, je ne les calomnie pas.
Il n’y a pas de honte à porter un nez rouge. Mais en France aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui devraient avoir honte de ne pas rougir.

PS : Si Jean-Luc Hees veut savoir ce qu’est l’honneur, qu’il semble confondre avec la susceptibilité de son ego hypertrophié, qu’il écoute donc la chronique de François Morel d’hier. Elle n’est pas drôle, et pour cause, mais elle a tout ce qui fait tant défaut à notre duo d’honorables cagots : du courage, du cœur, et de la dignité.
Et pour ce qui est de l’honneur, pardon, de la Légion d’honneur du ministre du Travail ex-ministre du Budget, ne comptez pas sur moi pour donner tous les titres qu’il mérite à l’honnête, l’incorruptible Eric Woerth : comme Guillon et Porte, je me ferais virer de France-Inter…
Que par ailleurs, en auditeur cohérent, je quitte en même temps qu’eux, puisqu’eux seuls et Mermet m’y avaient ramené !

PS 2 :
Il n’y a pas qu’à France-Inter que les libertés sont menacées. Suite à l’interdiction pour le moins surprenante d’un pot proposé sur FaceBook par un paisible commerçant de Barcelonnette, l’ami Gouron, photographe citoyen de son état, a lancé cet appel :

LA PELLE DU 18 JUIN
En souvenir de l’ami que nous avons perdu sur FB (Uniquement sur FB), je vous invite tous à
NE PAS venir boire le pot de l’amitié, SURTOUT PAS sur la Place Manuel à Barcelonnette ce jour là,
car je risquerais alors, tout comme notre ami perdu, un procès, une amende, voir une bonne petite garde à vue...
En souvenir de ce jour, je vous invite à prendre votre pelle, si possible à neige,
et dans le recueillement creuser symboliquement et silencieusement pour ne pas nuire à l’ordre public,
un trou dans lequel vous jetterez ce nouveau petit morceau de liberté que l’on nous enlève.

Vive la France libre !

jeudi 24 juin 2010

ET SI ON VOLAIT UN PEU PLUS HAUT ? ou LA PELLE DU 18 JUIN

L’acacia en fleurs

Extrait du blog INTERSTICES-LE MONOLECTE

Le chaos, c’est la vie !

Ils sont tellement domestiqués que le jour où leur chaîne virtuelle se distend, ils n’arrivent même pas à faire un pas de côté, ils ne pensent même pas à explorer cette parcelle de liberté inattendue tombée du ciel, ils ne parviennent qu’à maudire leur sort, à chercher des lampistes sur lesquels défouler leur angoisse et ne rêvent que du sempiternel retour à la normale.
Eux, ce sont les maîtres du monde, les élites du système, concentrés à jouer à saute-mouton d’un continent à l’autre, drapés de leur propre importance, convaincus que sans eux, le monde, leur monde en fait, s’écroulerait dans la minute. Eux, ce sont les naufragés du ciel, éparpillés dans tous les aéroports du monde, les sens paralysés par les derniers couinements de l’Iphone ou du Blackberry, coupé de sa base d’alimentation habituelle.
Eux, c’est l’élite internationale et cosmopolite de ceux qui font le monde tel qu’il est et qui martèlent sans cesse qu’il n’est pas possible d’en changer. Parce que c’est le seul monde qu’ils connaissent, parce qu’ils n’ont aucune imagination, ni aucun sens du réel. Eux, c’est Daniel Mermet qui les décrit, goguenard, amusé, coincé à Tokyo dans un terminal aéroportuaire en train de se transformer en jungle de Calais par la grâce d’un lointain, très lointain volcan islandais.

En quelques heures, tout le système s’est grippé. En quelques heures, il a bien fallu s’adapter à un monde sans avions et brusquement, il est apparu que nombreux étaient ceux qui pouvaient s’en passer. Comme les ministres européens qui découvrent subitement les joies de la téléconférence avant de probablement se mettre à préférer le train. À l’heure où le réchauffement climatique est une préoccupation internationale, où l’on explique à longueur de temps aux citoyens que le choc pétrolier va engendrer le chaos, ceux qui nous gouvernent n’ont de cesse de se réunir, de se retrouver, de se croiser, de se renifler, empruntant sans cesse le moyen de transport le plus polluant du monde, contraints, disent-ils, par la nécessité de leur charge, par le fait qu’ils sont irremplaçables, partout, tout le temps. Jusqu’à ce que les faits, têtus, viennent les contredire.

Parce que vu du sol, un monde sans avions, c’est plutôt sympathique, vu de nos pieds de rampants assignés à résidence par des contingences économiques soi-disant indépassables, le souffle du volcan balaie bien des automatismes, bien des renoncements, et éclaire un horizon sans traces. Pour la grande majorité d’entre nous, la paralysie de l’espace aérien, c’est le chef de service qui va rester bloqué quelques jours de plus (le pauvre !) dans le cadre de ses vacances paradisiaques, c’est le patron en exil prolongé, ce sont les obsèques désertées d’un dirigeant contestable déjà victime du ciel, ce sont des clandestins qu’il n’est plus si urgent d’expulser.
Pour la grande majorité d’entre nous, les cloportes dont le champ des pérégrinations est soigneusement délimité par le triangle étroit des trajets domicile-travail-courses, un monde sans avions c’est un monde dans lequel nous tournons nos regards vers le ciel et où nous plongeons avec délices nos yeux dans le bleu intense et silencieux, un bleu à s’en noyer les rétines, un bleu infini, le bleu au-dessus de la matrice habituellement tracée par leurs innombrables trajectoires indifférentes.

Le grain de sable dans la machine
En fait, comme chaque fois que la machine se grippe, comme chaque fois que la chape de plomb qui nous courbe l’échine se fendille, c’est une brusque profusion, une explosion de petite humanité radieuse qui pousse par les interstices du système comme l’herbe folle envahit les fissures de béton. Le grain de sable ou le nuage de cendre nous rappelle à chaque fois que l’édifice sous lequel s’est construit notre asservissement à un monde qui nous utilise, nous broie et nous jette après usage, que cet édifice est branlant et que ses fondations sont nos habitudes. Chaque fois que l’ordre totalitaire des choses est bousculé, presque immédiatement, ses vides béants sont comblés par la somme des pratiques, des valeurs et des comportements dont on nous dit pourtant qu’ils sont d’un autre temps, démodés, obsolètes.

Je me souviens avec délice du chaos des grandes grèves de 95, quand, subitement, il avait fallu faire autrement, quand, brusquement, ce n’était plus ma montre qui me dictait ma vie. De la nécessité de la patience. Du besoin de communiquer, de partager, de s’entraider. Je me souviens des conversations profondes et intimes démarrées sous un abribus abandonné de tous, entre Opéra et Le Louvre, des covoiturages sauvages et souriants, de cette “galère” commune qui a rempli les rues, les couloirs, les paliers, qui a rendu le sourire à beaucoup, qui nous a restitué un précieux temps de vie que nous concédons habituellement et à vil prix à des tâches sans intérêt et sans gloire.

Je me souviens d’une grande panne de courant dans mon enfance, où, subitement, toutes les boîtes à cons se sont tues, où tous les prophètes du monde qui tombe ont eu le sifflet coupé, où, d’un seul coup, les gens se sont retrouvés sans rien d’autre à faire que de se rencontrer. Quelques heures sans le sempiternel refrain de la peur et du chacun pour sa gueule et déjà, le voisin n’était plus l’ennemi, déjà, il y avait tant d’autres choses à faire que de rester le cul dans son fauteuil à regarder des inconnus vivre à notre place. C’était merveilleusement étrange, ce monde qui, à force de ne plus fonctionner, se mettait subitement à vivre. La rue n’était plus l’espace des trajectoires solitaires et pressées, le lieu des rencontres inquiétantes, des bruits agressifs, c’était redevenu l’artère qui nourrit, l’endroit où tout se passe, où les vieux tirent une chaise sur le trottoir, où la palabre s’installe, où chacun dégaine un saucisson, un bout de pain, quelques poèmes, des blagues salaces, des récits grandioses, des particules de bonheur hors du temps qui nous lamine habituellement.

Plus près de nous, il y a eu Klaus, le visiteur venu du large, son sillage catastrophique dans lequel ont immédiatement germé les graines de l’entraide et de la solidarité.

À chaque fois, pourtant, ils nous prédisent qu’il n’y a point de salut hors de leurs prisons mentales dans lesquelles nous croupissons par la force de l’habitude, la peur de l’inconnu ou juste un immense manque d’imagination.
À chaque fois, pourtant, la multitude des petites gens, des gens de rien, des gens de peu, prouve qu’au contraire, la vie est belle dans les failles du système, qu’il n’y a pas d’effondrement brusque de la civilisation quand leur étreinte se fait moins forte, que sous la contrainte des événements, nous savons, collectivement, inventer du vivre-ensemble, du vivre-bien, du vivre-mieux.
Et même si, à chaque fois, ils finissent par nous convaincre de rentrer dans le rang, petit à petit, les fissures s’agrandissent, les failles se creusent, l’édifice se fragilise et à travers les interstices, nous pouvons déjà deviner que non seulement un autre monde est possible, mais qu’il est déjà là !

D’un autre blog, le 19 avril 2010
Des avions cloués au sol, la bonne affaire !

Un petit volcan qui se réveille et c’est une grande partie de l’espace aérien européen qui reste fermé plusieurs jours (LeMonde du 18-19 avril). Pour nous, cela serait une bonne nouvelle si c’était volontaire et durable : l’avion est l’ennemi de la planète et des humains. Nous trouvons démesuré le fait de partir en vacances au loin, à Tahiti, en Tunisie ou ailleurs. Nous trouvons ridicule de la part des ressortissants européens de prendre l’avion pour aller dans un autre pays européen que le sien. A plus forte raison si on utilise les lignes aériennes internes à son pays. Les avions doivent rester définitivement cloués au sol.
Ce qui rend les voyages si faciles, les rend inutiles. Parce que l’individu moderne aime la virginité, s’il y reste un lieu vierge, il s’y porte aussitôt pour le violer ; et la démocratie exige que les masses en fassent autant. L’avion fait de Papeete un autre Nice et de la dune du Pyla un désert très peuplé ; les temps sont proches où, si l’on veut fuir les machines et les foules, il vaudra mieux passer ses vacances à Manhattan ou dans la Ruhr. Aujourd’hui sites et monuments sont plus menacés par l’administration des masses que par les ravages du temps. Comme le goût de la nature se répand dans la mesure où celle-ci disparaît, des masses de plus en plus grandes s’accumulent sur des espaces de plus en plus restreints. Et il devient nécessaire de défendre la nature contre l’industrie touristique.
Il fallait des années pour connaître les détours d’un torrent, désormais manuels et guides permettront au premier venu de jouir du fruit que toute une vie de passion permettait juste de cueillir ; mais il est probable que ce jour-là ce fruit disparaîtra. La nature se transforme en industrie lourde dont l’avion est le sinistre messager. Les peuples, leurs mœurs et leurs vertus sont anéantis par le tourisme par avion plus sûrement encore que par l’implantation d’un combinat sidérurgique.

NB : Rédigé avec l’aide de Bernard Charbonneau, Le jardin de Babylone, 1967)

vendredi 11 juin 2010

(DÉ)MOBILISATION GÉNÉRALE

MINISTRE ? SINISTRE !
Luc Chatel n’est pas seulement ministre de l’Éducation nationale, il est porte-parole du gouvernement, autrement dit titulaire de l’inexistant, mais d’autant plus présent, Ministère à l’Éducation du peuple et à la Propagande.
Je n’exagère pas. Dans le torrent d’eau tiède ronronnante émis sur France-Inter le 7 juin par l’organe doucereux de ce communicant chevronné, j’ai vu soudain luire cette incroyable perle de manipulation sordide, à propos de la « faute de goût » commise par Rama Yade en évoquant les dépenses d’hôtel excessives de l’équipe de France de football en Afrique du sud : « Ce qui est important aujourd’hui, c’est que tous les français soient mobilisés autour de leur équipe. »
Fermez le ban et lâchez les chiens…
Chaque mot de cette insupportable sentence compte, et leur ensemble dit tout de l’idéologie aussi ignoble que surannée qui « anime » la plupart des gouvernants et hommes de pouvoir et d’argent actuels.
Je ne sais pas comment je fais, certains matins, pour ne pas vomir mon petit déjeuner sur ma radio.

À ceux de mes lecteurs qui se gendarmeraient que je me déclare insoumis et déserteur face à la mobilisation-manipulation générale à visée démobilisatrice proclamée par des gouvernants indignes, je ne saurais trop conseiller la lecture du remarquable article dont je joins le lien :

LA COUPE DU MONDE, UNE ALIÉNATION PLANÉTAIRE


Et que les futurs retraités ne viennent pas se plaindre plus tard de vivre un troisième âge sans le sou ou de devoir travailler jusqu’à cent ans : quand leur sort futur se jouait, ils étaient assis bien sagement devant leur télé à téter des canettes et regarder jouer à la baballe des millionnaires aussi demeurés qu’eux…

samedi 5 juin 2010

UN FRANÇAIS EXEMPLAIRE

LANGUE (mauvaise)
Le français (c’est de notre langue que je parle, non de ceux qui la parlent, ou plutôt trop souvent l’écorchent), la langue française donc, est bien malade. Pierre Nora émettait ce judicieux diagnostic sur France-Inter ce matin, remarquant que plus personne, même parmi les intellectuels de haute volée qui comme chacun sait peuplent nos assemblées et nos médias, ne semble capable de respecter les règles d’accord les plus élémentaires. Quant à l’accord du participe passé, il n’y faut plus songer, la plupart de ceux que les pédants appellent des locuteurs le remplaçant en cas de doute (et doute il y a désormais dans presque tous les cas !) par un infinitif commodément invariable.
Il est certain, me disais-je in petto en l’écoutant, que le français présente tous les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Notre langue a perdu conscience, elle s’oublie à tout instant comme une vieille incontinente – à moins que ce ne soit nous…
Non seulement j’approuve cette courageuse sortie de Pierre Nora, mais j’avoue mon admiration presque envieuse pour l’abnégation dont il a fait preuve en illustrant aussitôt par l’exemple cette décadence frôlant le gâtisme, enchaînant en ces termes : « (…) cet espèce de délitement profond de la langue, à laquelle participent même nos élites (…) »
Je cite de mémoire, mais pas de doute, il s’agit bien d’un superbe échantillon de faute d’accord impardonnable, suffisamment atroce pour faire reculer d’horreur jusqu’au plus déterminé des massacreurs de notre syntaxe, prenant soudain conscience du caractère iconoclaste de sa désinvolture langagière.
Il y a un vrai mérite, pour un fervent amoureux du français le mieux châtié, à commettre volontairement une faute si grossière, dont les esprits superficiels risquent de croire que loin d’être voulue, elle témoigne de ce que le juge lui-même tombe dans les errements qu’il condamne par ailleurs avec une si contagieuse fureur sacrée…
Ce disant, un frisson court mon échine : se pourrait-il que cette faute à faire dresser les cheveux sur la tête, l’éminent Nora ne l’ait pas commise exprès ?
Un français aussi exemplaire devenu incapable de parler un français exemplaire ?
Maladie auto-immune ? Notre langue s’autodévore, semble en voie d’implosion. Un tel délitement, affaissement, n’est ni anodin ni innocent. Il accompagne et accélère la destruction et l’effacement d’une culture, c’est toute une histoire devenue muette, et que ses héritiers littéralement n’entendent plus.
Que les langues évoluent, c’est inévitable et parfois souhaitable. Qu’elles se suicident, c’est une catastrophe.
Notre langue est décidément bien malade, si même ses grands-prêtres en lui rendant hommage la conchient.