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lundi 31 janvier 2011

CALENDRIER 2011 : AILLEURS, C’EST ICI

LES CALENDRIERS DE SAGAULT

Depuis 2008, j’ai créé chaque année un calendrier mural présentant, regroupées autour d’un thème, des reproductions de quelques aquarelles récentes, qui peuvent être découvertes en musique ci-dessous. Ces calendriers de format 26 x 32 cm retracent ainsi au fil des mois l’évolution de mon travail.
J’ai voulu que les éventuels amateurs puissent désormais choisir entre les 4 calendriers actuellement disponibles pour obtenir le leur, à l’année et au mois qui leur convient, et qu’il leur suffira de me préciser.
Chaque calendrier mural peut cette année encore être acquis au prix coûtant (29,88 €, port compris) par mon intermédiaire.
Vous pouvez regarder ci-dessous les photos des aquarelles du calendrier 2011,

AILLEURS, C’EST ICI


Calendrier Sagault 2011
AILLEURS, C’EST ICI

Les autres calendriers peuvent être découverts sur mon site, en cliquant sur ce lien : LES CALENDRIERS DE SAGAULT.

lundi 24 janvier 2011

DÉGUISES OU NON, LES LOUPS NE SE MANGENT PAS ENTRE EUX

COMPLICITÉ
Contrairement à ce que j’entends dire un peu partout, si les partis français de pouvoir ont soutenu Ben Ali jusqu’au bout, ce n’est pas seulement par peur d’un hypothétique islamisme radical, loin de là. C’est d’abord parce que ces partis sont ceux des hommes de pouvoir, et qu’en tout temps, en tout lieu, les hommes de pouvoir préfèrent le pouvoir en place au peuple en mouvement. L’islamisme est un alibi trop commode pour faire encore illusion, il est usé jusqu’à la corde, il est depuis trop longtemps un fallacieux prétexte au service de la corruption généralisée qui caractérise la mondialisation.
C’est aussi parce que beaucoup de politiciens et d’hommes d’affaires (quand ils ne sont pas les deux à la fois…) français étaient d’une manière ou d’une autre en cheville avec la maffia au pouvoir sous Ben Ali. L’exploitation de la Tunisie par Ben Ali et consorts était vue d’un très bon œil par beaucoup de ces irréprochables démocrates, pour la bonne raison qu’ils y trouvaient leur compte, et participaient d’une manière ou d’une autre à la razzia.
Il n’est pas moins vrai que bon nombre de membres de l’oligarchie française mondialisée rêvent à juste titre d’une France non seulement banalisée, mais Ben Alisée, tant les oripeaux de la démocratie, réduits par leurs bons soins à de tristes guenilles, leur pèsent encore. Pour faire des affaires, rien ne vaudra jamais une bonne dictature !
Nos gouvernants avaient donc d’excellentes raisons de soutenir Ben Ali aussi longtemps que possible : déguisés ou non, les loups ne se mangent pas entre eux.
Et vous verrez qu’ils ne mettront aucun zèle intempestif à faire rendre gorge aux affameurs de la Tunisie, tant ils savent que leur tour risquerait en toute logique de s’ensuivre.
Dont il ressort que la révolution entamée par le peuple tunisien n’est pas seulement un message d’espoir et un exemple à suivre pour le monde arabe. La leçon est aussi pour nous. Le peuple tunisien nous dit : Qu’attendez-vous pour faire votre révolution ? Ça ne tient qu’à vous.
C’est en cela que l’exemple tunisien fait peur à l’oligarchie dominante, qu’elle soit ouvertement ultra-libérale ou prétendument social-démocrate (partout et toujours, les Chamberlain seront les complices des Hitler). Car ce qu’il fait apparaître crûment, c’est qu’il est des limites à l’exploitation de l’homme par l’homme : en l’absence de carotte, le gros bâton ne marche qu’un temps.
Au moment où nos élites mondialisées, pour préserver leurs jackpots en pérennisant leur casino financier, veulent nous imposer une rigueur aussi injuste que désastreuse, la révolution tunisienne leur envoie un message inquiétant, que je résumerai à l’aide d’un vieux proverbe et d’une formule récente :

« Tant va la cruche à l’eau qu’elle se brise »
« Ya basta ! »

P.S. : J’ai prêté l’oreille quelques instants au radotage hypocrite et pervers d’Henri Guaino sur France-Inter ce matin, rabâchant son habituelle logorrhée où la bêtise le dispute à la mauvaise foi. Ces gens-là sont tombés si bas qu’ils finissent par épuiser notre capacité de mépris.

lundi 17 janvier 2011

QUI SE RESSEMBLE S’ASSEMBLE

Plus que jamais s’applique à l’actuel président de la chose publique et à son gouvernement de fantoches cette phrase d’Adolphe Thiers :
« La France doit redouter également les gens qui ne sont capables de rien et ceux qui sont capables de tout. »
D’ordinaire, on appartient à l’une ou à l’autre de ces deux catégories. La seule chose qui rende Sarkozy et ses sbires exceptionnels, c’est qu’ils réussissent le prodige d’appartenir aux deux à la fois.
Ils en ont encore donné la preuve ces derniers jours avec, à l’intérieur, l’affaire du Mediator et l’amitié intéressée entre le président et le loup-cervier, pardon le pharmacien-tueur Servier, désormais grand-croix de la Légion d’Horreur, à l’extérieur, le soutien non moins intéressé au brave président Ben Ali, l’idée si généreuse et avisée de lui prêter main-forte policière, compte tenu de l’expertise anti-émeutes de nos forces de l’ordre, et le retournement de veste d’une rare dignité qui a instantanément suivi sa chute.
Un sans-faute de grande classe !
Au fait, Ben Ali n’était pas copain comme cochon qu’avec Sarkozy. Il a fait à son ami DSK l’honneur de le décorer, sans doute pour le remercier de le flatter bassement au nom du FMI en vantant l’excellence de la politique économique du dictateur, pleine de sagesse en effet, puisque tout en affamant le peuple elle lui permettait de parer à toute éventualité en détournant à son seul profit les richesses de son pays…
« Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es » dit le proverbe.

Je vais finir par aimer la pêche à la ligne le dimanche. Au moins, on ne risque pas d’y rencontrer des requins.

mardi 4 janvier 2011

VŒUX 2011 : LA VIE EN ROSE


GÉNIE
Si nous mettions à améliorer la vie sur cette planète autant d’énergie et de génie que nous en gaspillons à créer des gadgets aussi inutiles que nuisibles, je n’aurais aucune inquiétude sur l’avenir du genre humain. Mais tant que le portable, le 4x4 et la Kalachnikov seront l’expression la plus aboutie de nos rêves de bonheur, et n’en déplaise aux autruches qui me répètent niaisement à tout bout de champ qu’ya pas d’souci, je continuerai à m’en faire…

ILLUSION
La pire des illusions : vouloir ne plus en avoir.


Pourquoi voler par un matin si calme ? aquarelle, 18x26 cm © Sagault 2010

Y A PAS D’SOUCI,

plus congrûment rebaptisé

LA VIE EN ROSE

D’habitude, je fais attention. Quand j’ouvre les volets du salon, je fais attention. Dehors, juste devant la fenêtre, trône César, le plus vieux et le plus gros de mes rosiers. Chaque été, il met à la fenêtre un prodigieux bouquet de roses, une espèce de miracle floral dont je tire une fierté d’autant plus stupide que ce n’est même pas moi qui l’ai planté.
Ce matin-là d’octobre, j’ai ouvert un peu brutalement le volet. Personne n’arrive à faire attention tout le temps. Coincé entre le bas du volet et le rebord de l’appui de fenêtre, le dernier rameau automnal, qui portait un très beau bourgeon verni, d’un vert éclatant, ciré et lustré comme un parquet bourgeois sous Louis-Philippe, que je couvais depuis son apparition, espérant encore le voir fleurir, a plié, puis cassé.
Je n’ai même pas eu besoin du sécateur pour le retirer.
Dans ces cas-là, je culpabilise. J’avais beau savoir qu’on était fin octobre, que le gel empêcherait certainement ce bourgeon tardif d’accoucher de l’ultime rose de l’année et le tuerait aussi sûrement que je venais de le faire, je me sentais responsable d’une sorte de rosicide.
Sinon, pourquoi l’aurais-je mis dans un verre à moutarde avec un peu d’eau sur la table de la cuisine ?
Je faisais ainsi semblant de croire que ce malheureux bourgeon fauché à la fleur de l’âge allait survivre à la mort que je lui avais infligée.
Il n’a pas survécu, car la foi des autres ne soulève jamais notre montagne.
Plein de remords, je ne l’ai pas jeté, et la tige est restée dans son verre, portant bien haut le bourgeon de plus en plus desséché, de plus en plus racorni, qui avait peu à peu troqué sa brillante robe vert vernissé contre une peau gris poussière toute craquelée.
L’une après l’autre, les tiges secondaires sont tombées avec leurs feuilles flétries, que j’ai brûlées.
Je ne changeais même plus l’eau, mais n’arrivais pas à abandonner ma victime : j’aurais eu l’impression de la tuer une seconde fois.
Je ne sais quel instinct venu du fond des âges me poussait à la mettre au soleil tous les jours vers midi.
Puis le bourgeon est tombé.
Restait la tige, toute esseulée, toute nue, brun rougeâtre et vert pâle.

Ici, je m’arrête un instant d’écrire ; regardant par la fenêtre de ma chambre le poirier ensoleillé où furète et picore une mésange charbonnière, j’entends tout à coup dans le silence les tic-tac disjoints des deux horloges qui m’entourent, et sur la basse continue desquels vient se poser la mélodie simplette des pépiements du petit oiseau affairé.
Je prends un peu mon temps, et le vôtre, avec l’impression que c’est en vérité le temps qui se prend, moment rare et fugitif, à ne rater sous aucun prétexte.

Revenons à nos bourgeons. La tige aussi a pris son temps.
Un beau matin de décembre, la regardant distraitement comme à l’accoutumée, et me demandant une fois de plus quand j’allais me décider à la jeter, j’ai tout à coup – mais une merlette grise ébouriffée par le froid se pose un instant sous mon nez, comme pour différer encore le dénouement de cette histoire –, j’ai, disais-je, tout à coup vu poindre l’amorce vert tendre d’un minuscule bourgeon.

Dans le poirier, le merle a succédé à la merlette. Il n’a pas comme elle doublé de volume, dont je déduis qu’il tire avantage, par temps froid, dès qu’apparaît le soleil, de son absorbante livrée noire, qui lui évite d’avoir à pratiquer une sorte d’obésité emplumée.

Stupéfait, je me suis penché sur le rameau pour l’examiner de près. D’autres menus points verts signalaient la reprise d’une activité que j’aurais décorée du nom de résurrection si sa présence même n’avait signifié que contre toute attente le tenace végétal était resté en vie.
Depuis, chaque jour, je regarde pousser l’insubmersible brindille, et suis chaque jour davantage interloqué par cette tige sans racine visible d’où jaillissent, tâtonnantes et irrésistibles, de petites pousses dont l’une aujourd’hui, chrysalide devenant papillon, a commencé de se déployer en feuille.
Vous allez rire, je me demande maintenant si demain elle ne va pas s’envoler.

Je sais, ça s’appelle une bouture, et ce phénomène n’est pas nouveau.
Je n’en remercie pas moins ce petit rameau, non seulement parce qu’il m’a consolé de mon erreur en me prouvant qu’elle n’était pas irréparable, mais parce que je vois dans cette modeste odyssée végétale la plus belle illustration, parce que la plus simple et la plus naturelle, de cette sentence de Guillaume d’Orange qui m’est une seconde devise : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».
La première ? « De tout faire miel ».

Sans penser qu’il faille obligatoirement prendre au pied de la lettre le charmant texte du chevalier de Boufflers que voici, je lui trouve une plaisante fraîcheur d’âme et me dis qu’au temps de la mondialisation mortifère, il y a dans cette sagesse un peu casanière quelque modeste leçon à glaner, même si cet appel au calme relève aujourd’hui du vœu pieux…

Heureux qui dans son champ