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samedi 19 mars 2011

DÉCALAGE (bis)

Celui-là n’était pas radioactif… © Sagault 2009

Pour illustrer ce qui suit par quelques exemples concrets choisis entre beaucoup d’autres, les lecteurs peuvent consulter les articles dont je donne les liens ci-après…
http://www.marianne2.fr/Reforme-du-Traite-I-une-Europe-plus-solidaire-avec-les-marches_a203682.html
www.marianne2.fr/Nucleaire-comment-Sarkozy-a-reitere-l-erreur-des-subprimes_a203916.html
www.marianne2.fr/Japon-les-%C2%A0experts-mettent-leurs-oeilleres_a203922.html
http://www.marianne2.fr/Etats-Unis-le-retour-de-la-lutte-des-classes-passe-par-le-Wisconsin-1-2_a203913.html
http://www.marianne2.fr/Etats-Unis-le-retour-de-la-lutte-des-classes-passe-par-le-Wisconsin-2-2_a203911.html

DÉCALAGE (bis)
Je n’avais pas pensé en employant ce mot l’autre jour qu’il fût aussi caractéristique de certains des aspects les plus répugnants de l’hypocrisie mondialisée.
Le décalage est pourtant effarant entre la situation en Lybie et les palinodies des diplomaties : on s’achemine vers une résolution belliqueuse suffisamment tardive pour n’avoir pas à être mise en œuvre, tout en « sauvant l’honneur ». Une fois la victoire de Kadhafi assurée, on lui interdira de défiler…
Ce décalage-là naît d’un autre, car les décalages fonctionnent comme des poupées russes, et s’emboîtent les uns dans les autres, celui du dessus cachant de son mieux le petit frère du dessous qui lui-même dissimule…
En l’espèce, il est énorme, le décalage entre le discours favorable à la démocratie et les arrière-pensées qui militent en faveur d’une extinction rapide des dangereuses aspirations des peuples musulmans, et d’un retour à des situations plus propices aux affaires et à la sécurité.
La liberté des peuples, c’est bien, tant qu’elle n’entrave pas celle du business.
Mêmes décalages extravagants en ce qui concerne la catastrophe japonaise. La santé des peuples, d’accord, tant que ça ne porte pas atteinte aux profits. La vérité, oui, à condition qu’elle ne fasse pas peur. Etc…
Ce même matin, un autre décalage, ou plutôt un carambolage de décalages, me frappe. Le journal de France-Inter parle d’une des maîtresses de Picasso, âgée de 17 ans quand il en avait 69, et qui a jugé bon de raconter son « aventure ». Et le journaliste d’évoquer la « générosité » de Picasso, offrant à la gamine la veste en daim à cent mille francs de l’époque dont elle lui disait avoir envie.
Quand un vieil homme paye une jeunesse, parler de générosité relève plus encore de l’oxymore que de l’euphémisme…

CANNIBALISME
« On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir » écrit superbement Cioran, dans « De l’inconvénient d’être né ».
Lisant cela, j’ai une pensée émue pour quelques-uns des plus parfaits salauds parmi les intellectuels de pouvoir, les chiens de garde serviles du libéralisme, chez qui la mauvaise foi le dispute à la bêtise. Pas de doute, les dernières éructations de Tillinac à propos du procès Chirac étaient écœurantes à gerber.

FATALITÉ
Oui, les peuples peuvent se révolter contre leurs oligarchies et reprendre le pouvoir qui leur revient, voyez la Tunisie et l’Égypte…
Oui, les citoyens peuvent refuser de payer pour les banques coupables et les mettre en faillite sans sombrer dans le chaos, voyez l’Islande.
Il n’y a de fatalité que pour ces lâches et ces paresseux qui gobent goulûment les mensonges des hommes de pouvoir, dont l’intérêt est évidemment de nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à leurs choix.

lundi 14 mars 2011

DÉCALAGE


DÉCALAGE
Je ressens toujours davantage un décalage incroyable entre ce que je vis et pense et ce que disent et font mes contemporains. J’entends sans cesse proclamer qu’il faut faire des efforts pour avancer, qu’on ne peut pas tout résoudre tout de suite, qu’il faut accepter des compromis, qu’il y a tout de même des progrès, etc. Discours convenus de songe-creux, oui !
Cette sage prudence fonctionnait plus ou moins tant que nous n’avions pas acquis le pouvoir qui est actuellement le nôtre. Mais nos progrès incontrôlés nous ont désormais mis dans une situation de non-retour.
Avec la nature on ne négocie pas. Elle obéit à des lois physiques et chimiques incontournables. Elle n’a pas comme nous le choix de respecter la loi, de la détourner, de la violer. La nature respecte des lois que nous avons cessé de respecter dès que le progrès nous a donné la force de les transgresser. Le problème est que nos transgressions entraînent des conséquences liées à ces lois dont nous avons cru nous être affranchis, et qui n’en continuent pas moins de s’appliquer et de régler le fonctionnement de notre écosystème.
Avec les lois physiques et chimiques, pas question de délais, de sursis, d’aménagements, ou de remises gracieuses…
Je reste ahuri devant notre persistante propension à proposer à la nature de négocier, de nous donner un peu de temps, de retarder ses réactions à nos actes. Incroyable décalage entre nos rêves et la réalité ! Nous nous accrochons encore à notre rêve prométhéen d’imposer à la nature de fonctionner selon nos vœux, nos règles et décrets. Folie !
Prenons enfin conscience qu’en tout temps, en tout lieu, nous obéissons aux lois de la nature, que cela nous plaise ou non. Nous pouvons parfois composer avec les éléments, mais à l’intérieur des règles qui les régissent, et tous les progrès que nous avons faits l’ont été grâce à une meilleure compréhension des lois de la nature ; le désastre qui menace, nous l’avons préparé et rendu à peu près inévitable par notre incompréhension têtue de ces mêmes lois et notre refus d’en tenir compte. Notre obsession de pouvoir et de profit nous a masqué le fait que nous ne pouvions utiliser les lois de la nature pour mieux les violer sans tôt ou tard subir le retour du bâton : répétons-le, il n’y a pas d’accommodements avec la nature, elle ne connaît pas le compromis mais seulement les règles intangibles de son propre fonctionnement.
Nous n’avons donc plus vraiment le choix : ou bien nous changeons radicalement et tout de suite, ou nous serons les spectateurs de notre propre anéantissement par les forces que nous avons si imprudemment déchaînées. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun atermoiement, aucune ruse astucieuse, aucune habileté diplomatique ne nous permettront d’échapper aux conséquences de nos erreurs, dont la note nous sera présentée avec une parfaite impartialité et une scrupuleuse exactitude.
N’espérons pas rééchelonner notre dette envers la nature, n’espérons pas nous mettre en faillite pour ne pas avoir à régler nos comptes, et ne comptons pas sur la fuite, même en avant, pour nous éviter la confrontation avec l’impitoyable miroir du monde réel où s’ébattent nos fantasmes et s’accumulent nos chèques sans provision.
Nous nous en sommes mis jusque-là. Gare à l’addition !