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mardi 20 mars 2012

REGARDER LA PEINTURE

Les Héroïnes, vers 1420, détail de la fresque du Castello della Manta, Fondo Ambiente Italiano

Nous voudrions tenter de faire comprendre que les choses sont plus simples qu’il n’y paraît et que chacun devrait pouvoir s’autoriser à enrichir sa vie en se laissant plus volontiers porter par son regard et ses émotions que par les fallacieuses trompettes de la renommée.

Jean Klépal

Je crois de moins en moins en l’image et j’ai toujours davantage foi en la peinture. L’image donne à voir, la peinture mène à contempler. À mes yeux, aucune photo ne rendra jamais le frémissement d’une main, la touche d’un pinceau, le prisme lumineux d’une palette.
La peinture est rencontre, au plus intime. Parce qu’elle donne à voir, à sentir, à réfléchir, mais surtout bien plus encore, parce qu’elle est une voie royale vers la contemplation de la complexité du monde et de sa beauté, à travers une saisie directe de l’être entier, au-delà de toute réflexion préalable, de tout intellectualisme desséchant. Recevoir un tableau, c’est un corps à corps, du cœur au cœur. Un vrai tableau change notre regard : on ne sera plus jamais le même.
Chercher à créer du bonheur jusque dans le malheur, de tout faire miel, donner du sens à notre vie, telle est à mes yeux la vocation de cette étrange démarche que nous appelons art, dont l’accomplissement est le fruit de l’harmonie réussie entre les recherches de notre curiosité et l’incarnation de nos idéaux et de nos valeurs.

Alain Sagault

Regarder la peinture, couverture fermée © Sagault 2012
Regarder la peinture, couverture ouverte
Regarder la peinture, feuillet introduction et conclusion
1Regarder la peinture, triptyque Lampeto, reine des Amazones (fresque des Héros et des Héroïnes, Castello della Manta, FAI)
Regarder la peinture, triptyque Adrien Demont
Regarder la peinture, triptyque Serge Plagnol
Bulletin de souscription (fin 1-4-2012)

jeudi 1er mars 2012

THE ARTIST, OU LES RAVAGES DE LA CON-SENSUALITÉ

Au fait, vous pouvez cliquer sur les photos…
Basilique de Torcello, mosaïque du Jugement Dernier ©Sagault 2012


DE LA VENTE CONSIDÉRÉE COMME UN DES BEAUX-ARTS
Que de bruit autour de ce plaisant produit d’un marketing pleinement assumé, même pas cynique, vécu en toute innocence mercantile, parce que dans les cerveaux actuels il n’y a plus de place pour la création…
Travail très professionnel, au pire sens du terme. Pensé, calculé, formaté en vue d’un succès. Pâle remake de « Chantons sous la pluie » dont il emprunte la coquille, qui reste vide, car il n’y a rien d’autre à mettre dedans que le miroir d’une réussite passée dont le charme ne s’est jamais éventé et qu’on tente de récupérer en jouant sur une assez pauvrette nostalgie.
En creux, sans le savoir ni le vouloir, THE ARTIST nous parle de décadence, de complaisance, et d’impuissance : ce pastiche bien léché où ne manque pas un bouton de guêtre, s’il peut faire illusion dans les défilés de l’autopromotion d’une industrie qui n’a plus d’autre ambition que de réussir des « coups », n’accède en rien à la dimension artistique devenue rarissime au cinéma, et nous renvoie à la maladie récurrente du libéralisme, à sa tare originelle (voyez, pour ne prendre que cet exemple, le « style » Napoléon III, cette ahurissante synthèse de toutes les époques précédentes passées à la moulinette du mauvais goût), le plagiat, la référence, cette modélisation tant vantée par les escrocs de la PNL, qui croient avec toute notre époque que l’habit fait le moine et l’étiquette le vin. Aujourd’hui, on croit créer quand on se contente de décliner – à tous les sens du terme.
Plaisir creux, non champagne mais mousseux, façon prosecco de seconde zone bidouillé juste ce qu’il faut. Ça peut plaire à tout le monde, c’est assez dire que ça n’émeut personne. Rien d’exaltant ni de dérangeant, juste le plaisir mou des habitudes retrouvées, une sorte de première gorgée de bière sur écran et l’imitation rassurante d’un passé mythifié.
Pratiquant à la perfection le seul art de la vente, The Artist mérite tous les Oscars, à commencer par le plus souvent décerné : l’Oscar de la putasserie.


TREMBLE, CARCASSE !
François Baroin, ce matin sur France-Inter, évoque ce qui serait d’après lui la cause de tous nos maux, « une crise qui impacte la colonne vertébrale de notre pays/économie (je ne sais plus lequel des deux, de toute façon, pour un ministre du Budget néo-con, c’est la même chose) ».
Rien ne mesure mieux le degré de bêtise d’un politicien que sa capacité à filer des métaphores délirantes. Dans ce domaine, pas de doute, le ministre du Budget nous en donne pour notre argent…