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lundi 19 mai 2014

RETOUR VERS LE FUTUR : SUARÈS EN SON JARDIN

« Où le cœur n’est point, il n’y a rien, ni dans l’art ni dans l’homme. »
André Suarès, Idées sur Edgar Poë, Sur la vie, 1909.

Saut de ligne d’un centimètre

Les morts aussi donnent vie

Saut de ligne d’un centimètre

Suarès, c’est la vie en mouvement. Toute la vie et tout le mouvement. Jamais Suarès ne se fige, il ne tient pas en place, mais il est toujours là où il est, nulle part ailleurs, donc jamais là où on l’attend. C’est un kaléidoscope qui tourne autour d’un axe immuable : la quête de la beauté parfaite, l’exaltation de la vie, la recherche inlassable de la perfection.
Suarès ignore la compromission : quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, il est toujours lui-même.
D’où qu’il voie si clair, et aie le regard si juste et si perçant.
Non pas donneur de leçons, mais vrai maître à penser, donc maître à vivre.
Le texte qui suit fut refusé par l’éditeur.
Cinq ans plus tard, à l’initiative de l’Allemagne [1], éclatait la Première Guerre Mondiale.

André Suarès, D’une barrière, in Sur la vie, 1909.


André Suarès, L’argent est la matière reine, extrait de Pensées du temps sans dates, in Sur la vie, 1909

SUARÈS EN SON JARDIN

Je reprends ici un court texte de présentation du Condottière, publié il y a deux ans, en résonance avec un texte de l’ami Klépal, dont je ne saurais trop vous recommander les épistoles improbables

André Suarès, scandaleusement méconnu ?
Non, très normalement, très logiquement méconnu.
Il faut lire Suarès. André Suarès est un génie. Comme tel, il lui arrive de dire des bêtises ; il les rend intelligentes. Ses provocations font sursauter, puis réfléchir : elles ne sont jamais gratuites, il reste juste jusque dans ses excès. En bon génie, il est contagieux. Il ne vous convainc pas, il vous convertit. Il arrive à ce volcanique de s’embourber dans des dévotions têtues, de piétiner dans d’extravagants anathèmes, mais il en sort toujours par le haut, à force de passion généreuse et de cette sorte de clairvoyance que confère l’attention quand elle est transcendée par un regard qui n’est plus seulement celui de l’esprit mais celui de l’âme, de l’être entier donc, dans toute la force de sa ferveur amoureuse : la lave dont il déborde brûle et purifie tout.
Suarès ne saurait se contenter d’être lui-même : il lui faut se dépasser, se distiller, devenir l’essence de lui-même. D’où le Condottière, ce personnage d’une surhumaine liberté, puisqu’il ne se loue que pour être sûr de ne jamais se vendre…
Le Condottière, c’est le Suarès idéal, épuré, épouillé de toutes les scories de l’existence quotidienne, comme tel seul digne d’aller à la rencontre de son Italie idéale et de la conquérir, joyau comme elle et comme elle brillant de mille feux ; jusqu’à ses pailles qui nourrissent sa flamme ! Comme à l’émeraude, ses impuretés lui sont jardin.
Suarès jamais n’a peur du ridicule, et c’est ainsi qu’il triomphe, tout feu tout flamme, nu comme braise – incandescent.
Comme toute vraie flamme, il décape et réchauffe à la fois, éliminant comme en un creuset alchimique l’accessoire pour distiller l’essentiel.
Ce qui fait de « Voyage du Condottière » une œuvre sublime, c’est que tout y est faux. Je veux dire que tout y est plus vrai que le vrai, et que vous ne rencontrerez jamais en Italie l’Italie de Suarès, mais qu’au contraire l’Italie vraie vous permettra de découvrir l’Italie rêvée de Suarès, tout comme le Condottière nous révèle l’ultime Suarès, non pas le seul vrai, mais le seul digne d’être vrai.
L’Italie lui est jardin, qu’il ouvre au public tout en en préservant le secret. Sans grande difficulté, car il sait bien qu’aux yeux du paresseux ordinaire les secrets des jardins, même publics, restent définitivement cachés.
« Voyage du Condottiere » est un splendide manuel de révolte positive. Il place l’art à sa juste place, la première, exaltant en une extraordinaire vision mystique la vertu de la beauté.
Cette Italie de Suarès, c’est la quintessence de l’Italie, distillée dans le fabuleux alambic d’une imagination fulgurante, une Italie idéale, plus juste et plus pure, plus fidèle à ce qu’elle devrait être si elle était parfaite, plus conforme donc à la réalité ultime, qui ne naît pas de notre vue, mais de notre vision.
Suarès est un voyant : à travers le prisme chatoyant de son regard, il recrée littéralement l’Italie, à son usage et au nôtre.
On est ici dans le même genre d’alchimie recréatrice qui transfigure et mythifie les pommiers normands chez Proust, qui permet à Pessoa de donner vie à travers ses hétéronymes à toutes les facettes d’une personnalité qui devient ainsi l’homme-orchestre et la caisse de résonance de l’âme lusitanienne.
Ces trois écrivains majeurs ont en commun le génie le plus précieux : leur verbe transcende tout ce qu’il touche pour en mieux révéler l’essence.
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André Suarès, Voyage du Condottière, pages 321-322 et 416-417


Presque au hasard, quelques extraits [2] de « Voyage du Condottière », histoire de donner une idée du regard si curieux et si personnel de Suarès, ainsi que de la flamboyance de son style, qui n’exclut jamais une incroyable acuité :

Page 42 : « Une nouvelle espèce d’huissiers porte-chaînes garde les musées, à présent : ils sont pleins de docteurs, qui ne permettent pas aux passants de rêver devant les œuvres : ils ont pris l’habitude de croire qu’elles leur appartiennent. Parce qu’ils n’en sauraient jamais imaginer aucun, ils se donnent l’air de mépriser nos romans et nos poèmes. Mais on rit de la défense. Et je me permets tout ce qui ne leur sera jamais permis.
À chacun son métier. Je ne parcours pas le monde pour leur plaire, ni pour tenir registre de leurs erreurs. Un musée n’est qu’un catalogue pour les maîtres d’école et les critiques. Pour les poètes, c’est une allée des Champs-Elysées où chacun réveille les ombres heureuses de sa dilection, où il s’entretient avec les beautés de son choix. Paix aux érudits dans leurs catacombes : mais qu’ils nous la laissent. Je ne voyage pas pour vérifier leurs dates : je me suis mis en route pour délivrer les Andromèdes captives, pour faire jaillir les sources, et prendre au vol les images. Je veux ouvrir les palais dormants avec ma clef. Je suis oiseleur et chevalier errant. »

Page 47 : « L’œuvre d’art est accomplie, quand, au bonheur que la beauté donne, de prime abord, ne manque pas non plus le rêve qu’elle propose, le poème qu’elle inspire au passant et à l’artiste. »

Page 52 : « Musique, qu’on ne peut trop aimer ! Amour, le premier et le dernier ! Charme du cœur, aile de la chair, sensualité qui se dépouille ; vraie province de l’âme, quand elle s’abandonne à son propre mouvement et cherche la pure volupté. »

Page 60 : « Il faudrait accepter cet art pour ce qu’il est : c’est là comprendre. Mais on ne peut se borner à comprendre : vivre va bien au-delà. Ni philosophe, ni historien, je suis homme. J’aime ou n’aime pas. L’art est une passion ; et l’on vit en art, comme on vit en passion : le goût est le tact délicat de ce qui nous flatte ou de ce qui nous blesse. Peut-être le goût est-il le sens le plus subtil de la vie. On me prend le cœur, si on l’émeut ; et faute de l’émouvoir, on le dégoûte. Qui a goûté de l’émotion, ne se plaît plus à rien, sinon à être ému. En art, l’émotion c’est l’amour. »

Page 89, de Stendhal : « Dupe de rien, il veut l’être de la passion.
Il a donc le sens profond de l’art : il sait que l’art est, d’abord, une ivresse de la vie. Il sait que, dans la douleur même, l’art cherche une volupté ; et que l’artiste est le héros de la jouissance. Ce monde-ci veut qu’on en jouisse à l’infini. »
« Il fait des bons mots pour qu’on le laisse en paix à ses grands sentiments. »
« Ambitieux, il est au-dessus de toute ambition : voilà la bonne manière, et non pas de dédaigner l’ambition, sans en connaître l’appétit mordant. »

Page 92 : « Vivre de toutes ses forces, il n’est pas d’autre volonté pour l’homme bien né ; et c’est le seul moyen d’être heureux. L’homme n’a point d’autre bonheur que de posséder la vie, point d’autre devoir que de lui faire rendre tout ce qui est en elle, point d’autre vertu que de s’y faire héroïque. Beaucoup qui ne le seraient en rien sont des héros en aimant.
Avant tout, la force du caractère. Le caractère, c’est à dire la passion d’être soi, à tout prix. »

Et pour mes amis de la Vallée de l’Ubaye, voici ce qu’il écrit, page 96, des gavots, en parlant des bergamasques :
« En Provence, on donne le nom de « gavots » aux gens du haut pays. Ils ont une sorte de verdeur un peu brusque, une verve franche, une naïveté rude ; beaucoup d’action et de ruse paysanne, l’amour du gain et plus encore de l’épargne. C’est un peuple à longs calculs et à petites dépenses, patient, têtu et qui ne plaint pas sa peine. Bergame et Brescia m’ont paru deux sœurs gavottes, comme Digne et Gap, si ces deux bonnes vieilles provençales, dans leur belle jeunesse, avaient fait un brillant mariage. »

Pages 97-98, éreintement soigné, assez mérité à mon goût, de Donizetti, s’achevant sur cette parfaite rosserie : « Il a donc sa statue, qui eût été bien plus curieuse si on l’avait osé faire justement parlante. Il est assis sur une chaise percée ; mais il est vêtu et sans verve. La Muse qui l’inspire n’est pas non plus placée comme il faut. Tous les deux s’ennuient. Le misérable ne compose plus sa musique : il l’entend. »

Page 105, Vérone sous la neige : « La rue est profondément déserte, ce soir. Sinistre et blême, elle n’est même pas éclairée. Elle a cette lumière crépusculaire qui sort de terre, quand le sol est couvert de neige, et qui est la clarté glaciale des ténèbres. »

Page 110 : « Les docteurs ne vont jamais sans la farce : c’est leur toge naturelle. »

Page 172 : « La perfection s’achève dans le silence. »

Page 256 : « Il (Donatello) n’a pas la grandeur de Giotto, n’ayant pas cette foi religieuse qui préserve l’artiste d’oublier le monde supérieur : il n’en a portant pas perdu le contact et le souvenir. »

Page 263, à propos de Fra Angelico : « La couleur, sang plastique et douce ivresse de la forme, est la fille charnelle du rêve et de la volupté ; le plus souvent, elle enveloppe la pensée de tous les prestiges du plaisir, de tous les charmes de l’appétit ; et l’âme même s’y fait corporelle. Dans les poèmes de Fra Beato, c’est la chair qui devient esprit : la couleur transpose les corps dans les tons éthérés de l’âme. La fresque n’a jamais été plus immatérielle. Les feux de l’amour prennent une fraîcheur d’oasis. La douleur et tous les supplices s’épurent dans une tendresse qui est le sourire de l’innocence accomplie. Ce moine béni n’est pas un enfant. Il sait le mal ; il sait les passions ; mais son imagination en est le purgatoire, et il dissipe tous les orages dans son arc-en-ciel. Il sauve la souffrance, notre damnation ; il donne aux misères de l’homme ou à quelques-uns de ses abîmes l’adorable repos du cœur innocent. Une paix incomparable règne dans ces images : les plus violentes ont le calme de la pureté parfaite. Une eau lumineuse lave tous ces visages : l’aurore, rosée du matin, efface les songes du mal, et la fièvre du péché n’est plus qu’un souvenir, un nuage qui se dissout en pleurs riants. Voici les cœurs sanglants sur la tige des heures fatales : ce sont des roses. Une paix, un repos, une douceur sans pareille, dans un arc-en-ciel des tons les plus purs et les plus vifs, mais aussi les plus tendres, c’est la couleur de cette âme, qui serait une fée si elle n’était pas sainte. »

Page 263, encore : « Immortelle capitale de l’esprit italien, Fiorenza était une petite ville. Et même aujourd’hui, elle n’est pas grande. Voilà pour éclairer les serfs de la masse et de la quantité, si on pouvait jamais les instruire. En son temps le plus prospère, Florence n’a pas compté plus de cent vingt à deux cent mille habitants ; mais alors Dante et Giotto, Boccace et les Villani étaient florentins ; ou Donatello, Léonard, Fra Beato, Botticelli, dix autres grands artistes, dix poètes, vingt hommes du premier rang. Reste à savoir si une ville de dix millions d’automates sans génie est plus digne d’être appelée capitale qu’une cité cent fois moins peuplée et dix fois moins étendue, où tout est qualité spirituelle, art et génie. »

Page 365 : « L’État est imbécile qui se permet de régler les mœurs ; les hommes sont des lâches qui l’acceptent. Non plus des citoyens, mais les têtes d’un troupeau. »
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Un voyage vers la vie (Verzuolo, Piemonte)

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Jean Klépal m’envoie le commentaire qui suit, parce qu’il n’a pas réussi à le faire passer directement sur mon blog. Si vous avez le même problème, ne manquez pas de m’en faire part !

VIVRE ET VOTER COMME DES PORCS ?

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« Même si l’on se propose de substituer un monde à un autre, c’est le premier point de conserver tout ce qui peut être sauvé de tout ce qu’on détruit. Tant que la maison nouvelle n’est pas logeable jusqu’au faîte, tant que le bouquet du maçon n’est point suspendu à la cime du toit, il ne convient pas de raser la vieille demeure ni d’en faire sauter les fondements. Car il faut mettre les peuples à l’abri, et que l’on couche quelque part, fût-ce dans une cave.
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M. Clemenceau a paru un tyran aux brouillons, parce qu’il n’a pas pris le pouvoir pour le détruire ; et il a paru un anarchiste aux gens d’ordre, parce qu’ils ne sont plus capables de comprendre que la fonction du pouvoir est de rendre les révolutions inutiles. Tous les changements sont nécessaires. L’art est de les préparer, et de les faire à temps. Car les changements que la violence impose sont déjà inutiles. »

« C’est un préjugé moderne que l’amour de la liberté souffre tous les excès ; et qu’on n’aime pas sincèrement la justice, à moins de tout pardonner. Telle est la morale des violents : ils ne se doutent pas qu’ils ont aussi besoin qu’on les défende. Mais le dégoût que nous avons des tièdes nous incline, de plus en plus, à la morale de la violence. »
André Suarès, M. Clemenceau, in Sur la vie, 1909.

Je doute.
J’ai toujours douté. Ça ne m’empêchait pas d’agir.
Douter n’empêche pas d’agir, douter permet d’agir mieux.
Aujourd’hui, quand je nous vois, quand je nous écoute, je doute si fort que je n’ai parfois même plus la force d’agir « quand même ».
C’est qu’aujourd’hui je ne doute plus seulement de moi, ou des autres, de mes écrits ou de ma peinture, de notre civilisation, de notre évolution, de notre survie en tant qu’espèce. J’en viens à douter de pouvoir encore douter.
Et je doute aussi – ô combien ! – de l’utilité de ce « blog »…

Il y a tout de même une chose qui pour moi ne fait désormais aucun doute :

JE NE VEUX PAS DE L’EUROPE ACTUELLE.

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Je n’irai donc pas voter, ce serait cautionner un système pervers, qui singe la démocratie avec un cynisme proprement effarant, pour mieux la violer constamment depuis des décennies, et nous imposer l’Europe de l’Argent Roi. [1]

Sur mes motivations, afin d’éviter de me répéter sous une autre forme, je reprends en partie ci-dessous un article auquel je ne vois pas un mot à changer, publié par mes soins le 22 février 2012, en pleine campagne présidentielle :

« Soyons clairs. Nous n’allons pas élire Hollande : nous allons désélire Sarkozy. Car la défaite de l’un n’entraîne pas la victoire de l’autre. On n’élit un Hollande que par défaut. Hollande n’aura gagné, et nous avec lui, que s’il change en profondeur l’idéologie encore au pouvoir, manipulatrice et perverse, et qui devant ses échecs toujours plus flagrants révèle peu à peu sa violence foncière, jusque-là camouflée sous le masque d’une hypocrite bénévolence.
C’est dire qu’il a du pain sur la planche, et qu’il lui faudra faire un sacré grand écart pour ne pas être fidèle à la trahison systématique qui a donné ses lettres de scélératesse à une social-démocratie ayant depuis longtemps délibérément choisi d’être anti-sociale et anti-démocratique.
Il est plus que temps pour les gouvernants actuels, qu’ils s’avouent de droite ou se prétendent de gauche, de comprendre enfin que contrairement à la commode et hypocrite croyance des experts bidons à la Colombani ou à la Reynié, la colère qui gronde n’est pas celle d’un populisme dévoyé, mais celle des citoyens de plus en plus nombreux qui entendent reprendre le pouvoir qui leur a été peu à peu confisqué depuis plus de cinquante ans par des imposteurs cyniques et incompétents, dont la délirante fuite en avant continue de plus belle, déchaînant une violence de plus en plus ouverte à mesure que le désastre qu’ils ont créé apparaît dans toute son ampleur.
Comme l’avait pressenti Orwell, nous vivons dans l’imposture généralisée. Car le triomphe du marketing, c’est le triomphe de l’imposture. C’est la victoire ignoble et suicidaire de l’apparence sur l’essence, de l’avoir sur l’être. En une hideuse caricature, les contraires, déguisés, remplacent les valeurs dont ils sont le masque déformé : la sensiblerie tient lieu de sensibilité, la cruauté se fait passer pour de la force, le mensonge est repeint aux couleurs de la vérité, l’étiquette remplace l’objet, partout les mots tiennent lieu de réalité.
On nomme évolution l’involution sauvage qu’on tente d’imposer à des populations niées dans leur essence même : « La liberté, c’est l’esclavage », tel est le message délivré aux peuples européens, à commencer par le peuple grec. De coup d’état déguisé en coup d’état affiché, on élimine systématiquement les alternatives possibles pour assurer la vérité de l’affirmation initiale et finale qui tient lieu d’argumentaire aux néo-cons de l’Europe libérale : "Il n’y a pas d’alternative" ».

Si, il y a une alternative, il y en a toujours une.
Nous pouvons refuser tout net de continuer à
JOUER LE JEU.
À JOUER LEUR JEU.

Puisqu’il est désormais parfaitement clair que gouverner comme des porcs est bien le seul exploit dont soient capables les « élites » corrompues qui ont confisqué tous les pouvoirs à leur profit exclusif, c’est à nous de cesser de vivre et de penser comme des moutons encochonnés sous la houlette de ces porchers dont l’incroyable déficit d’humanité donnerait à penser qu’ils ne sont pas nos congénères, mais des aliens déguisés, s’il n’était évident que notre « porcitude » même leur donne une sorte de légitimité : ils sont ignobles parce qu’une majorité d’entre nous accepte encore de l’être.

Ni porc, ni mouton, je ne participerai donc pas aux élections européennes, dont la campagne démontre une fois de plus que, jusque dans le domaine des idées, la prétendue « concurrence libre et non faussée » dissimule une pensée unique aussi dominatrice qu’hypocrite.
Je ne me suis pourtant jamais abstenu. L’abstention n’est pas mon fort !
Mais aujourd’hui elle prend un sens, elle marque une rupture.
J’envisage pour la suite d’en tirer les conséquences en renvoyant ma carte d’électeur, en refusant de voter tant qu’une Assemblée Constituante ne sera pas réunie pour refonder la démocratie dans notre pays et si possible en Europe, et en proposant à tous d’en faire autant.

Car si nous sommes assez nombreux à le vouloir,
UNE AUTRE EUROPE
est possible, j’en suis convaincu.


Celle qu’appelait déjà des ses vœux, il y a un peu plus d’un siècle, le génial (pour une fois le mot n’est pas trop fort !) André Suarès dans D’une barrière, texte de 1909 à tous égards si prophétique qu’il fut refusé par La Grande Revue, et ne fut publié qu’en 1925 lors de la réédition du recueil de ces extraordinaires chroniques intitulé Sur la vie.
Vous trouverez ladite chronique en suivant le lien que voici, je la publie en effet dans l’article qui complète celui dont vous achevez la lecture,

Saut de ligne d’un centimètre

Jean Klépal m’envoie le commentaire qui suit, parce qu’il n’a pas réussi à le faire passer directement sur mon blog. Si vous avez le même problème, ne manquez pas de m’en faire part !