DÉCALAGE (bis)
Par Alain Sagault, samedi 19 mars 2011 à 09:23 :: LE GLOBE DE L’HOMME MOYEN ::#532
Au vu du frémissement de dignité et d’humanité qui semble aujourd’hui faire bouger le grand corps malade de la "diplomatie" mondiale, j’ai hésité à mettre en ligne ce nouveau texte sur les décalages ambiants, écrit il y a quatre jours.
Mais d’une part rien ne prouve que ces bonnes intentions tardives ne le sont pas trop, et pourront être suivies d’effet, d’autre part mon aspiration à l’honnêteté et mon empathie envers les opprimés font que rien ne me ferait plus plaisir que d’avoir à reconnaître que je me suis trompé.
Ainsi vont les Cassandre : elles n’annoncent les malheurs qu’elles prévoient que dans l’espoir presque toujours déçu d’aider à les empêcher d’advenir…
- Celui-là n’était pas radioactif… © Sagault 2009
Pour illustrer ce qui suit par quelques exemples concrets choisis entre beaucoup d’autres, les lecteurs peuvent consulter les articles dont je donne les liens ci-après…
http://www.marianne2.fr/Reforme-du-Traite-I-une-Europe-plus-solidaire-avec-les-marches_a203682.html
www.marianne2.fr/Nucleaire-comment-Sarkozy-a-reitere-l-erreur-des-subprimes_a203916.html
www.marianne2.fr/Japon-les-%C2%A0experts-mettent-leurs-oeilleres_a203922.html
http://www.marianne2.fr/Etats-Unis-le-retour-de-la-lutte-des-classes-passe-par-le-Wisconsin-1-2_a203913.html
http://www.marianne2.fr/Etats-Unis-le-retour-de-la-lutte-des-classes-passe-par-le-Wisconsin-2-2_a203911.html
DÉCALAGE (bis)
Je n’avais pas pensé en employant ce mot l’autre jour qu’il fût aussi caractéristique de certains des aspects les plus répugnants de l’hypocrisie mondialisée.
Le décalage est pourtant effarant entre la situation en Lybie et les palinodies des diplomaties : on s’achemine vers une résolution belliqueuse suffisamment tardive pour n’avoir pas à être mise en œuvre, tout en « sauvant l’honneur ». Une fois la victoire de Kadhafi assurée, on lui interdira de défiler…
Ce décalage-là naît d’un autre, car les décalages fonctionnent comme des poupées russes, et s’emboîtent les uns dans les autres, celui du dessus cachant de son mieux le petit frère du dessous qui lui-même dissimule…
En l’espèce, il est énorme, le décalage entre le discours favorable à la démocratie et les arrière-pensées qui militent en faveur d’une extinction rapide des dangereuses aspirations des peuples musulmans, et d’un retour à des situations plus propices aux affaires et à la sécurité.
La liberté des peuples, c’est bien, tant qu’elle n’entrave pas celle du business.
Mêmes décalages extravagants en ce qui concerne la catastrophe japonaise. La santé des peuples, d’accord, tant que ça ne porte pas atteinte aux profits. La vérité, oui, à condition qu’elle ne fasse pas peur. Etc…
Ce même matin, un autre décalage, ou plutôt un carambolage de décalages, me frappe. Le journal de France-Inter parle d’une des maîtresses de Picasso, âgée de 17 ans quand il en avait 69, et qui a jugé bon de raconter son « aventure ». Et le journaliste d’évoquer la « générosité » de Picasso, offrant à la gamine la veste en daim à cent mille francs de l’époque dont elle lui disait avoir envie.
Quand un vieil homme paye une jeunesse, parler de générosité relève plus encore de l’oxymore que de l’euphémisme…
CANNIBALISME
« On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir » écrit superbement Cioran, dans « De l’inconvénient d’être né ».
Lisant cela, j’ai une pensée émue pour quelques-uns des plus parfaits salauds parmi les intellectuels de pouvoir, les chiens de garde serviles du libéralisme, chez qui la mauvaise foi le dispute à la bêtise. Pas de doute, les dernières éructations de Tillinac à propos du procès Chirac étaient écœurantes à gerber.
FATALITÉ
Oui, les peuples peuvent se révolter contre leurs oligarchies et reprendre le pouvoir qui leur revient, voyez la Tunisie et l’Égypte…
Oui, les citoyens peuvent refuser de payer pour les banques coupables et les mettre en faillite sans sombrer dans le chaos, voyez l’Islande.
Il n’y a de fatalité que pour ces lâches et ces paresseux qui gobent goulûment les mensonges des hommes de pouvoir, dont l’intérêt est évidemment de nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à leurs choix.
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